lundi 14 mai 2018

Les «opioïdes naturels» du corps affecteraient les cellules cérébrales de manière très différente de la morphine

Une étude menée par l'University of California, à San Francisco publiée dans Neuron révèle que les cellules cérébrales, ou neurones, réagissent différemment aux substances opioïdes créées à l'intérieur du corps, soit les endorphines responsables du «high naturel» pouvant être produit par l'exercice, par exemple, comme le font la morphine et l'héroïne, ou à des médicaments opioïdes purement synthétiques, tels que le fentanyl. Les chercheurs croient que leurs résultats pourraient aider à expliquer pourquoi l'utilisation d'opioïdes synthétiques peut entraîner une dépendance.

Puisque les opioïdes synthétiques et les opioïdes naturels «endogènes» produits dans le cerveau se lient aux récepteurs opioïdes et les activent à la surface des cellules nerveuses, les chercheurs mentionnent avoir longtemps supposé que les deux types de molécules ciblaient les mêmes systèmes cellulaires. Or, leur étude révèle que ces molécules activent également les récepteurs opioïdes à l'intérieur des cellules, et que les emplacements de ces récepteurs intracellulaires activés diffèrent entre les opioïdes naturels et synthétiques. Les chercheurs croient que cette différence pourrait aider à expliquer pourquoi les effets des drogues opioïdes synthétiques sont plus gratifiants que ceux produits par les opioïdes endogènes.

Les chercheurs ont créé un «biocapteur» se liant aux récepteurs opioïdes avec un opioïde synthétique ou un opioïde naturel. L'outil a permis aux scientifiques de voir ce qui se passait à l'intérieur des cellules, en détectant où ces récepteurs sont actifs dans les types particuliers de neurones dans lesquels opioïdes fonctionnent 

Les chercheurs mentionnent avoir longtemps pensé que toutes les molécules d'opioïdes, naturelles ou synthétiques, ne transmettaient leur signal qu'à partir des récepteurs situés à la surface de la cellule. Les récepteurs liés aux opioïdes sont ensuite transportés à l'intérieur de la cellule vers des compartiments appelés endosomes. Ils croyaient que les récepteurs ne signalaient pas de cet endroit. Ils ont plutôt découvert que les récepteurs restent actifs dans les endosomes et qu'ils utilisent l'endosome pour maintenir le signal dans les cellules. 

Ils ont également découvert que la morphine et les opioïdes synthétiques activent les récepteurs dans un autre endroit interne appelé l'appareil de Golgi, où les opioïdes endogènes sont incapables de produire une quelconque activation. Selon eux, le lieu d'activation séparé pour les médicaments dans l'appareil de Golgi ne peut pas être utilisé par les opioïdes endogènes. Les médicaments, généralement considérés comme des imitateurs d'opioïdes endogènes, produisent en réalité différents effets en activant les récepteurs dans un endroit inaccessible aux molécules naturelles.

De plus, la morphine et les opioïdes synthétiques traversent les membranes cellulaires sans récepteurs de liaison ou sans entrer dans les endosomes. Ils se sont rendus directement à l'appareil de Golgi, atteignant leur cible beaucoup plus rapidement que le temps requis par les opioïdes endogènes pour qu'ils se retrouvent dans les endosomes, ne prenant que 20 secondes contre plus d'une minute. Selon les chercheurs, cette différence de temps pourrait être importante dans le développement de la toxicomanie, car plus le médicament prend de l'effet rapidement, plus son potentiel addictif est élevé.

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