Nous apprenions que 300 000 patients qui auraient dû être pris en charge par un médecin de famille étaient toujours orphelins. Le ministre Barrette jetait le blâme sur les médecins mentionnant que ces derniers avaient ralenti la cadence. Le Journal de Montréal, de son côté, mentionnait que 48 % des omnipraticiens québécois ont travaillé moins de 199 jours en
2016-2017, soit quatre jours et moins par semaine. Parmi eux, 22 % travaillaient moins de 150 jours dans l’année, soit une moyenne de trois jours par semaine. Josée Legault affirmait que la multiplication des« primes » pour les médecins faisait en sorte qu’ils avaient moins besoin de
travailler pour s’assurer d’un revenu élevé.
Pourtant, le portrait, vu de l'intérieur, est totalement différent comme le mentionnait Dr. Simon-Pierre Landry, porte-parole de ROME, Regroupement des médecins Omnipraticiens pour une Médecine Engagée à Bernard Drainville sur les ondes du 98.5. Le taux d'inscription tourne autour du 79%. Pourquoi la cible de 85% n'est pas encore atteinte? Essentiellement, pour les raisons suivantes.
Rappelons, en premier lieu, que Québec compte depuis 3 ans
200 médecins de famille de moins par sa faute et de multiples bris de
services dans les hôpitaux
De plus, selon le calcul, la RAMQ calcule comme une journée travaillée une
journée où 500$ ont été facturés. Or, un médecin qui fait une garde de 24h
compte autant qu'un médecin qui ferait du cabinet pendant 8h. Également,
les médecins en pré-retraite, les maternités, les ralentissements de
charge pour raison psychologique font baisser le nombre de jours
travaillés. La réalité des congés de maternité est nouvelle. Outre le fait que la profession se féminise, le médecin qui
avait une conjointe à la maison pour s'occuper des enfants n'existe plus
et ceci exige une diminution des heures travaillées par les médecins.
Avant c'était 70h/semaine, maintenant selon les plus récentes données
une semaine moyenne tourne autour de 50h/semaine pour un médecin
Québécois. L'époque où les femmes restaient au foyer pour s'occuper des
enfants pendant que le conjoint travaillait 70h/semaine n'est plus réaliste.
Le calcul n'inclut pas le temps passé à analyser les
résultats de tests des patients et à les appeler. Le calcul n'inclut
pas les heures de garde passées à la maison avec une pagette, à
répondre aux appels des infirmières. Il n'inclut pas les congrès, ni les
réunions, ni la formation médicale continue (exigée par le Code des professions, rappelons le), ni le temps passé à faire
de la facturation (les médecins doivent facturer la RAMQ pour être
rémunérés). Ces tâches prennent souvent plus d'une journée par semaine. Concrètement, le calcul ne compte pas le nombre d'heures travaillées.
Avant de jeter le blâme sur qui que ce soit, de pointer du doigt les fautifs, serait-il plus réaliste, voire constructif, de constater que la réforme ne fonctionne pas comme prévue? Il serait plus que temps de consulter les intervenants sur le terrain afin d'apporter des solutions plus réalistes, pour que les patients en ressortent gagnants.
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