samedi 29 avril 2017

Pratiques prometteuses en santé

Le récent ultimatum posé par le ministre Gaetan Barrette pour désengorger les urgences après que celles-ci aient fait encore l'objet d'une couverture médiatique nous pousse à penser de plus en plus que le problème se situe ailleurs. Les 100 millions versés par le ministre rencontraient déjà un scepticisme marqué provenant du milieu médical et hospitalier. Même le récent budget ontarien déposé cette semaine remettait en question certaines pratiques budgétaires en santé. Les réflexions présentes dans Traitement 20 conçu par la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec présentaient des solutions concrètes.

Comme le soulignait la conférence «Urgences, parlons-en!» présentée le 15 décembre dernier, le vieillissement de la population occupe beaucoup de place et de temps aux urgences. Une autre partie du problème reposerait sur le fait que les lits continuent d'être utilisés par les patients qui n'ont plus besoin d'être à l'hôpital et qui sont en attente de soins plus appropriés disponibles ailleurs. Dr Laurent Marcoux, président de l'Association médicale canadienne, mentionnait que le système de santé devait être repensé dans une lettre d'opinion publiée cette semaine.

Le programme Exigeons un plan présente plusieurs iniatives, qui ont été mises en évidence dans le document Cadre d’action visant à orienter la stratégie nationale pour les aînés du Canada. Voici quelques unes qui ont retenu mon attention.



Soins à domicile et services de soutien communautaire

  • En Colombie-Britannique, BreatheWELL at Home, un programme de courte durée du district de Fraser Health établi dans le cadre d’un partenariat entre les secteurs des soins actifs, primaires, à domicile et en établissement, vise à aider les clients atteints d’une bronchopneumopathie chronique obstructive à renforcer leur maîtrise de la maladie et à réduire leurs besoins en soins actifs. Les bénéficiaires établissent leurs propres objectifs de gestion des symptômes et des épisodes aigus et reçoivent des services, de l’encadrement et de l’information cliniques avancés au moyen de visites à domicile et de la télésanté.
  • Dans le cadre du programme Chez soi avant tout, les gouvernements de la Nouvelle-Écosse, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick offrent du soutien tant aux aidants qu’aux patients afin que ces derniers puissent retourner chez eux plutôt que dans un établissement après une hospitalisation.
  • Le programme TAPESTRY (Teams Advancing Patient Experiences: Strengthening Quality), un projet financé par Santé Canada, vise à aider les aînés clients d’une clinique de médecine familiale de Hamilton à rester en santé à la maison et à vivre de manière autonome le plus longtemps possible.
  • Le projet SILVER (Supporting Independent Living for the Elderly through Robotics), de la Commission européenne, vise à développer de nouvelles technologies pour aider les personnes âgées dans leur quotidien. Les technologies robotiques peuvent aider les aînés à demeurer autonomes à domicile même s’ils vivent avec des incapacités physiques ou cognitives.
  • Le programme Home Share Newfoundland jumelle des étudiants de l’Université Memorial à des résidents de la communauté âgés de 50 ans et plus. Les étudiants assistent les propriétaires dans l’entretien de leur résidence ou leur fournissent d’autres services en échange d’un loyer modique. Le programme aide les aînés à préserver leur indépendance et à rester dans leur foyer tout en offrant aux étudiants un endroit sécuritaire et abordable où habiter pendant leurs études.
  • Le programme Better at Home de Centraide aide les aînés à s’acquitter de leurs tâches quotidiennes simples afin qu’ils demeurent chez eux en toute autonomie et restent en contact avec leur milieu. Financé par le gouvernement de la Colombie-Britannique, le programme est géré par Centraide du Lower Mainland, et les services sont offerts par des organismes sans but lucratif de la région.
  • À l’Île-du-Prince-Édouard, dans le cadre d’un partenariat entre l’équipe de soins à domicile du comté de Queens et l’Hôpital Queen Elizabeth, un essai pilote du programme amélioré de soins à domicile pour les personnes âgées fragiles a été réalisé en 2012. Au cours de l’année pilote, 36 clients ont été admis au programme. À l’échelle du système, l’essai pilote s’est traduit par 2064 jours de moins en soins de longue durée et par 1876 jours de moins en soins communautaires. Les clients ont pu rester à la maison plus longtemps. Le programme se poursuit aujourd’hui.



Soins actifs et spécialisés

  • Maillons santé est une initiative du gouvernement de l’Ontario qui vise à assister les patients ayant des besoins de santé et sociaux complexes. Ces maillons encouragent une collaboration accrue entre les fournisseurs de soins locaux actuels, notamment les fournisseurs de soins de santé familiale, les spécialistes, les hôpitaux ainsi que les organismes offrant des soins de longue durée et à domicile, et les autres services de soutien communautaire. En réunissant les fournisseurs de soins de santé locaux, les maillons santé donnent aux médecins de famille la capacité d’orienter plus rapidement les patients vers les services dont ils ont besoin. Dans le cas des patients qui ont reçu leur congé de l’hôpital, cette structure permet un suivi et une orientation plus rapides vers des services comme les soins à domicile et aide à réduire la probabilité de réadmission à l’hôpital. Tous les maillons santé ont un partenaire coordonnateur comme une équipe de santé familiale ou un centre d’accès aux soins communautaires. Cette initiative a notamment pour objectif de réduire le nombre de réadmissions à l’urgence des patients à risque élevé.
  • Fondé sur des données probantes, le Programme régional d’intervention gériatrique et communautaire du Programme de gestion des urgences gériatriques de Champlain comprend des infirmières spécialisées en soins gériatriques œuvrant dans neuf services d’urgence de l’est de l’Ontario dans le cadre d’un partenariat intégré avec plus de 20 organismes de services gériatriques et communautaires. Le programme vise le dépistage précoce des syndromes gériatriques chez les aînés à risque élevé qui ne sont pas admis à l’hôpital afin de permettre une orientation appropriée des patients vers des services gériatriques et communautaires et de prévenir les retours à l’urgence et les nouvelles admissions à l’hôpital.
  • Services ambulanciers – À Halifax, des ambulanciers spécialisés en gériatrie savent comment prendre en charge les aînés qui ont besoin de soins actifs : ils les rencontrent à leur domicile (ou à leur établissement de soins de longue durée), évaluent la situation et déterminent alors s’ils doivent les amener à l’urgence, au lieu de les y amener systématiquement. Les services médicaux d’urgence de Toronto possèdent un programme semblable visant à repérer les patients aux besoins importants qui utilisent fréquemment les services d’urgence : des ambulanciers essaient de les orienter vers des médecins de famille et d’autres services afin qu’ils puissent demeurer en santé et hors de l’hôpital. À Calgary, le programme OPTIC EXACT permet d’éviter les transferts inappropriés des établissements de soins de longue durée vers l’urgence.
  • Le Sinai Health System, établi à Toronto, résulte de la fusion récente de l’Hôpital Mount Sinai, un grand centre universitaire de santé, de Bridgepoint Health, un hôpital de soins continus complexes, et de Circle of Care, un organisme de soins à domicile. Ce réseau met l’accent sur la prestation de soins intégrés aux patients — notamment aux aînés — atteints de maladies chroniques.
  • À Hamilton, le projet d’intégration des modèles de soins complets du Centre de soins de santé St. Joseph coordonne les services de soins hospitaliers et communautaires. Il établit des liens entre les aînés et les services d’aide au logement, travaille auprès des populations marginalisées et répond aux besoins spirituels des clients.
  • Un projet pilote d’équipe de santé hospitalière a été lancé à Winnipeg. Pendant 60 jours, il assure une gestion intensive des cas d’utilisateurs de l’urgence afin de leur éviter une hospitalisation et de les aider à faire la transition vers des programmes de soins communautaires.

lundi 24 avril 2017

Institut TransMedTech, un nouveau laboratoire en génie biomédical et technologies médicales

Alors que je vous parlais un peu plus tôt des récentes nouvelles concernant les traumatismes vertébraux à propos des tiges flexible, un nouveau laboratoire en génie biomédical et technologies médicales, l'Institut TransMedTech, voit le jour au Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine.

Qualifié de «laboratoire vivant», cet écosystème d’innovation ouverte transdisciplinaire et intersectoriel s'orientera vers le développement des prochaines générations de technologies médicales. Plus concrètement,  à l'aide de financement d'un 95 millions de dollars, soit près de 35 millions d’un fonds de recherche fédéral et  de 7 millions du gouvernement du Québec, l’Institut, dirigé par Carl-Éric Aubin, professeur titulaire en génie mécanique à Polytechnique Montréal et chercheur au CHU Sainte-Justine, rassemblera des ingénieurs, des équipes scientifiques interdisciplinaires du domaine biomédical, des cliniciens, des administrateurs et responsables de l’implémentation des nouvelles technologies du réseau de la santé, des industriels, des étudiants ainsi que des patients.

L'Institut TransMedTech ciblera en priorité les maladies musculosquelettiques et cardiovasculaires, ainsi que les cancers, trois domaines représentant des défis importants de la médecine compte tenu du vieillissement de la population et de la complexité des maladies associées.

jeudi 20 avril 2017

Où se situe l'attente à l'urgence?



Mes parents sont tous les deux passés par l'urgence avant leur grand départ. La rapidité à laquelle ils ont reçu les soins est tellement différente de ce qui est véhiculé par les médias que j'ai cherché à comprendre pourquoi le tableau véhiculé par les médias est souvent plus sombre que la réalité.

Rappelons premièrement le processus de triage. Selon le CHU de Québec–Université Laval, le système de triage suit ce modèle

La Priorité 1 (P1) regroupe les personnes dont l’état de santé requiert une intervention immédiate par l’équipe soignante en place, car leur état peut entraîner la mort ou des dommages importants.

La Priorité 2 (P2) regroupe les personnes nécessitant des soins immédiats qui doivent être vues rapidement par un médecin car leur état de santé représente une menace potentielle pour leur vie.

La Priorité 3 (P3) regroupe les personnes ayant besoin d’être vues par un médecin car leur état de santé pourrait s’aggraver.

La Priorité 4 (P4) regroupe les personnes qui doivent être vues par un médecin car leur état présente un potentiel de complications, sans que le temps ne constitue un facteur critique.

La Priorité 5 (P5) regroupe les personnes présentant des conditions qui peuvent être aiguës mais non urgentes ou qui peuvent résulter d’un problème chronique sans signe de détérioration.

Selon un document produit par le Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides, les Priorités 4 et 5 sont des cas où l’investigation et les interventions peuvent être retardées ou même référées ailleurs qu’à l’urgence.


Le réel problème, selon le tableau reproduit avec l'aimable autorisation de Dr. Mathieu Bernier. se situerait durant l'attente après le triage. Or, il semblerait qu'on aborderait plutôt le séjour total à l'urgence, de l'arrivée au départ, et non la durée d'attente lorsqu'on parle du délai. Ainsi, un patient pourrait attendre 2 heures pour voir le médecin, puis être en observation pendant 10 heures pour divers tests. Le délai serait donc de 2 heures et non 12 heures au total. Le patient serait donc évalué et le délai qui suit reposerait davantage sur le temps nécessaire pour avoir le résultat des tests.

Aussi, tel qu'on m'expliquait, une grande partie du travail d'un médecin d'urgence consiste à échanger avec des consultants, des infirmières, des inhalothérapeutes, des ambulanciers, pour ne nommer que ceux-ci. Et finalement, lorsqu'un problème urgent se présente au triage, le patient est souvent rendu en observation sur une civière. L'observation est souvent définie comme étant l'attente à l'urgence alors qu'elle ferait partie des soins.

Le tableau méritait d'être partagé et connu. On comprend un peu mieux le principe de l'urgence, évitant ainsi des jugements rapides.

mardi 18 avril 2017

Applications mobiles pour la gestion de médicament

Je suis toujours un peu sceptique concernant l'information dénichée sur internet. La famille du côté de ma mère provient du milieu de la santé. Autant mes tantes infirmières que mes oncles médecins préféraient s'abstenir de se prononcer sans avoir eu le portrait global de la situation, ou du moins le dossier sous les yeux. Pour avoir accompagné mes parents à l'hôpital jusqu'à la fin, il est préférable de questionner le personne affecté au dossier que de s'informer à gauche et à droite avec des informations dénichées, souvent peu pertinentes. Ceci dit, 2 applications provenant de sources fiables ont attiré mon attention. Autant utiles pour les patients que pour les aidants naturels.


Monpharmacien.ca


Créée par l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), l'application propose des fonctionnalités pratiques telles que l'alerte pour la prise de médicaments, suivi du traitement des proches, contre-indications, renouvellements ou encore localisation de la pharmacie la plus près de l'utilisateur. Accessible sur la plate-forme Apple, pour les iPad, iPhone et iPod, l'application est disponible en français et en anglais.










Question pour un pharmacien 


Développé par Alexandre Chagnon, un pharmacien exerçant au CIUSS de l’Estrie – CHUS à Granby et en milieu communautaire, ce site sécurisé permet aux ude poser utilisateurs de se renseigner auprès d'un pharmacien. L’algorithme du site identifie les pharmaciens à proximité du lieu de résidence de l'utilisateur. Il suffit poser la question en fournissant les informations nécessaires à l’analyse de la situation de l'utilisateur. Plusieurs pharmaciens près du lieu de résidence reçoivent la question, qui est répondue par courriel par la suite. Le service confidentiel promet une réponse en moins de 24 heures.



mardi 11 avril 2017

Les super-cliniques, oui mais..

Dans la foulée de la restructuration du système de santé, les ministres Barrette et Fournier annonçaient l'implantation de trois nouvelles super-cliniques sur le territoire du CIUSSS du Nord-de-l'Île-de-Montréal. Si on peut louer les efforts du ministre d'améliorer le système de santé, on peut toutefois se questionner sur les objectifs atteints. Le plan mis en place par le ministre Barrette a désorganisé les hôpitaux et la médecine familiale, au profit d’une logique comptable électorale et d'investissements importants.

Ces grands changements ne sont pas sans rappeler ce qui se passe actuellement au Manitoba, surtout que le dernier budget déposé aujourd'hui (11 avril) n'annonçait aucun investissement majeur en santé. Penchons-nous sur la situation actuelle au Manitoba. Le Manitoba a embauché en novembre dernier,  le cabinet de conseil KPMG afin d'identifier les moyens d'éliminer le gaspillage dans le système de santé. Le gouvernement espérait du même coup rendre le système plus efficace et adaptable.Le ministre de la Santé Kelvin Goertzen avait alors souligné que la mission de KPMG était d'examiner toute une gamme de services afin de vérifier s'ils sont offerts à un coût raisonnable, s'ils produisent de bons résultats et s'ils répondent aux attentes.

Or, la restructuration dans les services de soins d'urgence à Winnipeg sème la confusion tant auprès de la population qu'auprès du personnel médical concerné, tel que rapporté par un responsable de services d'urgence. Vendredi  dernier, on annonçait la fermeture de salles d'urgence de trois hôpitaux à Winnipeg , soit Concordia, Seven Oaks et l’Hôpital général Victoria. Les services d’urgence de l’Hôpital Victoria et de l’Hôpital Seven Oaks seront convertis en centres de soins d’urgence médicale qui ne menacent pas la vie des patients.

Les compressions budgétaires ne font pas seulement des insatisfaits au Québec, le Manitoba qui a également procédé à des changements majeurs a provoqué également un haut taux d'insatisfaction. Les Manitobains n'approuvent pas les compressions en santé et en éducation du gouvernement progressiste-conservateur, selon le plus récent sondage de Mainstreet Research publié vendredi dernier. 61 % des personnes interrogées se disaient en désaccord avec la décision du gouvernement provincial de reporter le financement pour de nouveaux établissements en soins de santé.

Lancées en 2012 par l'ancien gouvernement néo-démocrate, les cliniques Quickare , étaient considérées comme une alternative rentable pour atténuer les urgences surpeuplées. Or, plus tôt cette semaine, le ministre de la Santé Kelvin Goertzen déclarait que la province étudiait les avantages de ce modèle de clinique.

 

lundi 10 avril 2017

Une clinique privée déclare faillite à Vancouver



Il est intéressant de comparer les systèmes de santé à travers le Canada pour avoir un peu plus de perspective sur le système de santé québécois. Le Vancouver Sun nous apprenait un peu plus tôt en soirée qu'une clinique privée déclarait faillite après 17 ans d'opération. Si nous en savons peu au niveau des investisseurs d'origine écossaise, nous savons qu'une partie des créanciers était composée des chirurgiens impayés.

La clinique était l'un des huit centres privés polyvalents du Lower Mainland, où les chirurgiens orthopédiques, plastiques et autres chirurgiens offraient une chirurgie accélérée à des tiers ou à des patients du privé désirant des opérations ne nécessitant qu'un séjour d'une nuit. Rappelons que les cliniques privées ne sont pas autorisées à garder les patients plus longtemps selon les règles provinciales.

Vancouver Coastal Health, responsables des services de soins de santé par le biais d'un réseau d'hôpitaux, de cliniques de soins primaires, de centres de santé communautaires et soutien à domicile, a confié à la clinique un total de 32 000 $ pour une gamme d'opérations au cours de la dernière année. Le montant total dû aux créanciers dépasserait de loin le total des actifs.

Cette nouvelle n'est pas sans rappeler le rapport intitulé Privatization & Declining Access to BC Seniors' Care, publié par le Centre canadien de politiques alternatives le 27 mars dernier, traçant un portrait peu reluisant de la privatisation des soins de santé.

Le rapport a révélé qu'au cours des 16 dernières années, le sous-financement, la privatisation et la fragmentation du système auraient laissé beaucoup d'aînés à l'écart. Selon le rapport, entre 2001 et 2016, la fermeture de 40 établissements de soins gérés administré par le public aurait entraîné une baisse des soins à domicile de 11% alors qu'à la même période, le secteur privé a augmenté de 42%. Les soins offerts par le privé serait généralement inférieur à ceux offerts par le public. L'auteur attribuait cette différence par le niveau de dotation du personnel. Selon l'auteur, plus le ratio de personnel et de patients est élevé, plus les soins sont satisfaisants. Le privé devant générer une marge de profits, il ne peut pas baisser la rémunération du personnel pour cause de compétitivité, la qualité des soins de première ligne serait donc principalement touchée.

Le rapport se terminait avec les 3 recommandations suivantes:

• «Arrêter de privatiser les services de soins à domicile et communautaires».

• «Améliorer l'accès aux services de soins à domicile et communautaires financés par des organismes publics et des organismes à but non lucratif».

• «Élaborer un encadrement de soins et un plan d'action à domicile et en milieu communautaire afin d'améliorer l'intégration de l'accès et des services»







dimanche 9 avril 2017

Bonne nouvelle pour les traumatismes vertébraux

Un projet de recherche dirigé par le professeur Vladimir Brailovski du Laboratoire sur les alliages à mémoire et systèmes intelligents (LAMSI), le professeur Yvan Petit du Laboratoire de recherche en imagerie et en orthopédie (LIO), tous deux du Département de génie mécanique de l’École de technologie supérieure (ÉTS) et le docteur Jean-Marc Mac Thiong, chirurgien orthopédiste de l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal ayant pour but de développer des implants vertébraux pouvant répondre aux problèmes observés pourrait avoir un impact sur les gens ayant subi des traumatismes vertébraux et médulaires. On estime ce nombre environ 7 000 patients affectés au cours des 10 dernières années au Québec. Bien que le nombre semble petit sur une longue période, rappelons que ces traumatismes ont un impact sur la qualité de vie des gens qui sont affectés au niveau fonctionnel par la suite.

Les opérations de fusion vertébrales sont couramment utilisées pour traiter des scolioses, des fractures, ou encore soulager des blessures à la moelle épinière. Afin de provoquer la fusion, le chirurgien orthopédique immobilise un segment de colonne en utilisant des tiges métalliques rigides faites de titane, de cobalt-chrome ou encore d’acier. Ces tiges sont fixées aux vertèbres au moyen de vis pédiculaires. On estime que la dégénérescence des segments adjacents concerne jusqu’à 40 % des patients opérés à l’aide d’instrumentations vertébrales postérieures causée par la grande rigidité des implants entrainant de fortes concentrations de contrainte aux extrémités de l’instrumentation.

Pour l’instant, on constate que sur une colonne vertébrale à laquelle on a implanté une tige, la flexion d’un segment révèle qu’il y a aucune mobilité et la mobilité est reprise par le segment adjacent à l’instrumentation. Le projet de recherche vise à développer une tige de métal super-élastique se pliant et reprenant sa forme grâce à un alliage nickel titane, auquel on applique un traitement thermique consistant à étirer la tige chauffée à l’aide d’un courant électrique en la plaçant entre 2 électrodes.

La tige super élastique permettrait d’augmenter la mobilité du niveau instrumenté pour une transition plus douce. Cette tige pourrait être déformée et puis pourrait reprendre sa forme comme si elle était en caoutchouc. Il serait même possible de décider de l’endroit où la tige serait flexible tout en restant rigide ailleurs.

Ces tiges super élastiques ont été testées à l’aide de flexion, de torsion et d’étirements, durant des mois. Les résultats sont concluants. Il ne manque qu’une machine permettant de le réaliser en salle d’opération, en un très bref laps de temps, un traitement thermique aux propriétés personnalisées.


Compléments d'information

Optimiser les implants vertébraux par modélisation

vendredi 7 avril 2017

Le projet-pilote Archimède est-il la solution?

Afin d'améliorer la qualité, la continuité et l'accessibilité des soins de santé de première ligne, le gouvernement du Québec annoncait le 6 avril, la mise en œuvre d'un projet-pilote d'organisation des soins en interdisciplinarité dans les groupes de médecine de famille (GMF). Le projet Archimède, initié par le GMF de la Clinique médicale Saint-Vallier, vise à augmenter la capacité de prise en charge de patients par des GMF, par une collaboration accrue des infirmières praticiennes spécialisées en soins de première ligne, des infirmières et d'autres professionnels de la santé.

Cette annonce me rappelle les suggestions apportées en réponse à la Loi 20. Adoptée à l'automne 2015, la Loi favorisant l’accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée fixait diverses cibles à atteindre au 31 décembre 2017, notamment celle concernant la proportion de Québécois qui ont un médecin de famille devant être augmentée à 85 % et prévoit des sanctions financières si les médecins n’atteignent pas des objectifs de productivité.

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec a présenté quelques pistes de solution dans une capsule intitulée Traitement 20.  Parmi les solutions apportées, se retrouvaient quelques unes se rapprochant du projet-pilote Archimède, notamment les super cliniques. Ces cliniques regroupant des spécialistes permettraient de désengorger les urgences. Ainsi, on retrouverait dans ces cliniques de la radiologie, de l'échographie, des prises de sang ainsi que des spécialistes pouvant évaluer rapidement un patient. Une autre piste de solution suggérée était celle de la collaboration interprofessionnelle. Cette collaboration avec l'infirmière permettrait aux médecins de voir le double de patients. La prise des signes vitaux, counselling par l'infirmière permettrait aux médecins de voir les patients avec des troubles de santé plus aigus. Cette collaboration pourrait également se faire avec des travailleurs sociaux, des psychologues, des physiothérapeutes, des ergothérapeutes, à titre d'exemple.

L'annonce faite par le ministre Gaetan Barrette prévoit une réorganisation progressive des ressources prévoyant l'ajout  d'infirmières praticiennes spécialisées, ce nombre passera à trois avec le début du projet, jusqu'à cinq en 2021. Trois infirmières cliniciennes, une infirmière auxiliaire et de trois à quatre autres professionnels complémentaires seront aussi ajoutés à terme pour assurer certains suivis (par exemple dans les domaines de la nutrition, du travail social, de la kinésiologie, de la physiothérapie, de l'inhalothérapie, de l'ergothérapie, de la psychologie et de la pharmacie).

Ce projet-pilote bénéficiera d'un investissement de 3,5 millions $ sur cinq ans et permettra à terme d'atteindre 12 000 inscriptions, soit 4000 de plus d'ici 2021. Cette pratique axée sur le travail d'équipe et l'interdisciplinarité permettra l'accès adapté aux besoins des patients. Ainsi, la personne sera vue par le bon professionnel, en temps opportun.

mardi 4 avril 2017

L'Ontario améliore les soins aux patients grâce aux technologies de la santé

Nous apprenions cette semaine que l'Ontario s'engageait à financer 15 technologies de la santé novatrices par le truchement de subventions du nouveau Fonds des technologies de la santé (FTS), de quoi inspirer le ministre Barrette et le prochain budget. Le Dr Hoskins, ministre de la Santé et des Soins de longue durée, était au sommet Impact Health aujourd'hui afin d'annoncer les nouvelles technologies qui recevront une aide financière de la province.

Ces subventions font partie du plan d'action ontarien intitulé Priorité aux Patients : Plan d'action en matière de soins de santé,  ayant pour objectif d'offrir aux patients un accès plus rapide aux bons soins, à de meilleurs soins à domicile et en milieu communautaire ainsi qu'aux renseignements dont ils ont besoin pour rester en santé.

En 2016-2017, 5,4 millions de dollars seront distribués à 15 projets. Il s'agit des projets suivants :

1)    Planification intelligente pour réduire les temps d'attente pour les IRM et les tomodensitogrammes
Une plateforme de planification conviviale qui met en rapport les patients et les médecins avec les hôpitaux afin d'améliorer l'accès des patients à des rendez-vous pour des interventions médicales dont la demande est élevée.

  • Montant de la subvention : 100 000 $
2)    iUGO : Amélioration des soins aux diabétiques grâce au contrôle en temps réel
 Le diabète doit être contrôlé étroitement et cela peut représenter un défi pour les personnes vivant dans des régions éloignées. iUGO met en rapport les patients et leur équipe soignante en temps réel, leur permettant d'obtenir des soins à leur domicile.

  • Montant de la subvention : 100 000 $
3)    Mise en rapport des patients et des fournisseurs de soins au moyen d'une plateforme mobile
Cette plateforme mobile innovatrice met en contact les patients et les fournisseurs de soins de façon transparente. Les patients et les membres de la famille peuvent trouver des fournisseurs de soins en quelques clics, créant un milieu de soins axé sur les patients. La prise de rendez-vous, les soins continus, les directives sur les meilleures pratiques, la formation et la surveillance à distance à domicile sont gérés par le truchement de la plateforme.

  • Montant de la subvention : 100 000 $
4)    Diagnostic de l'Alzheimer grâce à l'analyse de la parole
Un outil d'évaluation de la parole sur tablette qui détecte et surveille la déficience cognitive, identifiant avec fiabilité la maladie d'Alzheimer, l'aphasie et la maladie de Parkinson. Dans les soins en établissement, cet outil peut aider à déterminer le moment de faire la transition vers un niveau de soins plus élevé.

  • Montant de la subvention : 94 836 $
5)    SMArTVIEW : Surveillance et autogestion des patients après une chirurgie cardiaque et vasculaire
Un logiciel précisément conçu pour aider les patients qui viennent de subir une chirurgie cardiaque et vasculaire importante à profiter d'une surveillance des signes vitaux à l'hôpital et à la maison. La technologie vise à prévenir les complications postopératoires sérieuses, notamment les infections et les caillots sanguins, et à réduire les visites à la salle des urgences après une intervention chirurgicale et les réadmissions à l'hôpital.

  • Montant de la subvention : 499 313 $
6)    Réseau de télépathologie pour améliorer le diagnostic et le traitement du cancer
Ce logiciel élimine le besoin pour le patient de se déplacer tout en aidant les pathologistes à faire leur travail plus rapidement et rigoureusement. La technologie Pathcore prend des lamelles de verre et les convertit en lamelles numériques qui peuvent être examinées, partagées et analysées partout au moyen de réseaux informatiques.

  • Montant de la subvention : 197 760 $
7)    MyTeam : Logiciel pour mettre en rapport les patients, les fournisseurs de soins et les médecins
Une application d'autogestion de la santé pour faciliter l'élaboration, la surveillance, la communication et l'amélioration collaboratives des plans de soins individualisés. Cela permet aux patients et aux fournisseurs d'élaborer des plans de soins intuitifs qui peuvent être suivis à la maison et évalués par leur médecin durant une consultation.

  • Montant de la subvention : 499 500 $
8)    MindMerge : Un portail destiné aux patients pour la survie au cancer du sein
Un nouveau modèle proposé par Action Cancer Ontario déplace les traitements de suivi des spécialistes vers les médecins de famille, ce qui est plus pratique pour les patients et moins coûteux pour le système de santé. Ce logiciel met en rapport les patients avec des médecins de famille afin d'amener les soins plus près du domicile. Les patients obtiennent automatiquement des renseignements sur les examens à venir, les rendez-vous et les recommandations en matière de traitement, et les médecins de famille peuvent consulter des spécialistes sur des questions liées aux soins.

  • Montant de la subvention : 500 000 $
9)    Nouvelle plateforme pour aider les patients ayant une lésion médullaire à obtenir un traitement coordonné à domicile
Au lieu de retourner à l'hôpital lorsqu'ils ont besoin d'aide, ce qui peut être difficile pour les patients, ils auront accès à des fournisseurs de soins de santé et à des services communautaires grâce à une plateforme vidéo Web et mobile.

  • Montant de la subvention : 424 638 $
10)    Coordination à distance des services de pharmacie pour les aînés
Un outil de communication et de documentation pour assurer la pertinence des médicaments lorsque les patients vulnérables passent de l'hôpital à un établissement de soins de longue durée. Le système favorise la collaboration efficace entre le pharmacien, le médecin et le personnel infirmier pour prévenir les erreurs liées aux médicaments.

  • Montant de la subvention : 476 348 $
11)    aTouchAway : Application pour tablette visant à mettre en contact les patients et les fournisseurs de soins
L'application offre des conférences vidéo à domicile pour améliorer l'expérience client. Grâce à l'application, les patients peuvent faire ou recevoir d'appels de leurs fournisseurs de soins, signaler des urgences, voir leurs rendez-vous et vérifier leurs médicaments. Les avantages comprennent une souplesse et une capacité accrues pour les coordonnateurs de soins pour aborder les besoins des clients avec diverses équipes de soins.

  • Montant de la subvention : 500 000 $
12)    Amélioration de la santé mentale en mettant en rapport la police et les services communautaires
Un logiciel pour faciliter l'évaluation, l'appréciation du risque et la gestion de cas des personnes présentant de graves troubles mentaux. Cela donnera aux patients l'accès aux services communautaires existants, à des agents de police, des fournisseurs de soins primaires et à des travailleurs communautaires pour prévenir les hospitalisations inappropriées et offrir les bons soins aux personnes en crise.

  • Montant de la subvention : 498 000 $
 13)    Logiciel pour fournir des outils d'autogestion de la santé aux jeunes ayant des problèmes de santé mentale
Cela favorisera l'éducation, la collaboration, la mobilisation, l'intervention et l'encadrement axé sur un but pour les jeunes adultes ayant des problèmes de santé mentale. La technologie sera accessible au moyen d'une application ou d'un ordinateur.

  • Montant de la subvention : 500 000 $
14)    Élaboration d'une stratégie de dépistage pour réduire les chutes chez les aînés
Les chutes sont responsables de 85 pour cent des hospitalisations d'aînés en raison de blessures. Une stratégie de dépistage élargi et d'identification plus précise sera examinée afin d'en déterminer le potentiel pour réduire l'incidence des chutes et les visites au service des urgences qui y sont associées, les hospitalisations et les coûts pour le système. L'identification proactive des aînés à risque de faire des chutes dans une collectivité donne des preuves pour appuyer la planification des interventions et les programmes ciblés de prévention des chutes.

  • Montant de la subvention : 500 000 $
15)    Surveillance à distance des patients afin de mieux prendre en charge la maladie pulmonaire obstructive chronique
Ce logiciel innovateur mesure les signes vitaux d'un patient, notamment la tension artérielle et la saturation en oxygène, et avertit automatiquement un fournisseur de soins de santé lorsqu'un changement survient. La trousse comprend une tablette Android personnalisée avec une connexion vidéo bidirectionnelle sécurisée entre le patient et un clinicien. L'équipement offre aux patients un accès à distance à des programmes de réadaptation pour mieux prendre eux-mêmes en charge leur état à la maison.

  • Montant de la subvention : 409 605 $



lundi 3 avril 2017

Le coût financier et social de la privatisation des soins de santé

Les réformes du système de santé amorcées par le ministre Gaétan Barrette au cours des dernières années laissent présager une éventuelle privatisation des soins de santé à moyen et à long terme. Le rapport intitulé Privatization & Declining Access to BC Seniors' Care, publié par le Centre canadien de politiques alternatives le 27 mars dernier, trace un portrait peu reluisant de la privatisation des soins de santé.

En 2001, la Colombie-Britannique occupait le deuxième rang au niveau des dépenses en soins de santé par habitant. En 2016, la Colombie-Britannique est tombée à la huitième place parmi les
dix provinces du Canada. Plus concrètement, la politique provinciale de privatisation des services de soins à domicile et communautaires pour les aînés a entraîné moins d'accès pour la clientèle nécessitant des soins.

Au cours des 16 dernières années, le sous-financement, la privatisation et la fragmentation du système ont laissé beaucoup d'aînés à l'écart. Selon le rapport, entre 2001 et 2016, la fermeture de 40 établissements de soins gérés administré par le public a entraîné une baisse des soins à domicile de 11% alors qu'à la même période, le secteur privé a augmenté de 42%. Andrew Longhurst, l'auteur du rapport, souligne également que la qualité de vie des aînés varie selon que l'établissement soit privé ou public. Les soins offerts par le privé serait généralement inférieur à ceux offerts par le public. Il explique cette différence par le niveau de dotation du personnel. Selon l'auteur, plus le ratio de personnel et de patients est élevé, plus les soins sont satisfaisants. Le privé devant générer une marge de profits, il ne peut pas baisser la rémunération du personnel pour cause de compétitivité, la qualité des soins de première ligne serait donc principalement touchée. Rappelons à cet effet que les hôpitaux privés à but lucratif dépensent plus du tiers de leur budget en administration (34 %) selon une étude américaine alors que la Régie de l’Assurance Maladie du Québec (RAMQ) gère pour 4 milliards$ de programmes avec des coûts administratifs de 2% du budget total.

Le manque d'accès à un large éventail de services pour les personnes âgées aurait des répercussions sur système de soins de santé utilisé par tous. L'auteur cite l'exemple de la démence présente chez les ainés. Ceux-ci sont soignés dans les hôpitaux qui ne sont souvent pas équipés pour faire face à leurs besoins complexes. Ils sont dans les hôpitaux car d'autres services moins coûteux, comme les soins à domicile et communautaires, ne sont pas disponibles. L'auteur mentionne également que les conséquences en aval de ne pas investir adéquatement dans le système de soins à domicile et en milieu communautaire entraînent comme conséquences des temps d'attente plus longs pour la chirurgie et un système plus coûteux pour tous parce que la population se situe dans la partie la plus onéreuse du système.

Le rapport se termine avec les 3 recommandations suivantes:

• «Arrêter de privatiser les services de soins à domicile et communautaires».

• «Améliorer l'accès aux services de soins à domicile et communautaires financés par des organismes publics et des organismes à but non lucratif».

• «Élaborer un encadrement de soins et un plan d'action à domicile et en milieu communautaire afin d'améliorer l'intégration de l'accès et des services»