dimanche 27 mai 2018

Accompagner l'attente d'un diagnostic du cancer

Il y a quelque temps, le spectre du cancer est apparu dans ma vie. Je ne m'étendrai pas sur la nature, j'en suis encore à l'étape d'apprivoiser le mot. Pour l'aidante naturelle en moi qui a pris soin de proches, le fait d'avoir ce mot collé à sa réalité à soi est un fait à apprivoiser. S'il y a longtemps que ce sujet de billet me trotte dans la tête, l'approche du Relais pour la vie rend sa publication pertinente.

J'ai souvent entendu des réflexions venant de proches, de patients sur cette réalité sans vraiment la comprendre. Mon père a eu le cancer, des amis ont eu le cancer, mais je ne comprenais pas ce qu'il fallait faire ou ne pas faire.  Je parle de cette réalité qu'on ne nomme pas, celle qui est abordée par la Société canadienne du cancer. Cette réalité est pourtant vécue par le patient, ne serait-ce que par l'insomnie qui se manifeste, cette envie soudaine et irrationnelle de confitures aux abricots, cet émerveillement devant la neige qui s'éternise en avril.

Précisons, en premier lieu, qu'une biopsie n'est pas de l’hypocondrie ni même de l'angoisse. Si un médecin réfère un patient à un spécialiste qui juge pertinent, à la lecture du dossier, de prélever un échantillon pour fin d'analyse, c'est une réalité constatée par le milieu médical, par des gens formés, encadrés par un ordre professionnel. "Une bonne nuit de sommeil" ne fera pas disparaître le problème ni même une surenchère de problèmes

On a souvent mentionné à quel point le sujet était évité mais je n'avais jamais réalisé l'ampleur de sa portée. Les gens évitent d'aborder le sujet avec le patient, au point où on s'informe de tout, de ses nouvelles lunettes, de son entrevue mais on ne parle pas de «ça». Si le malaise est palpable, le fait d'éviter le sujet transfère au patient la lourde tâche de ménager son entourage. L'entourage devient alors le patient qu'on doit accompagner.

Le jour où un proche sera confronté à cette réalité, j'aurai enfin compris que nommer les choses reste le meilleur accompagnement. Ne pas improviser d'opinion, juste être là, physiquement, concrètement, auprès d'un proche.

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