lundi 22 avril 2019

Une étude relance l'activité cellulaire du cerveau de porc quelques heures après sa mort

Une étude publiée dans Nature révèle que des chercheurs de Yale University ont réussi à rétablir l’activité cellulaire de base du cerveau des porcs quelques heures après leur mort, ce qui pourrait permettre d’avancer un jour dans le traitement des accidents vasculaires cérébraux et des lésions cérébrales chez l’humain

Toutefois, l’étude soulève une foule de questions de bioéthique, notamment sur la définition même de la mort cérébrale et ses conséquences potentielles pour les protocoles liés au don d’organes. La recherche est née de la volonté d'améliorer l'étude du développement du cerveau, des troubles et de l'évolution. L’application pratique principale est la possibilité de permettre aux scientifiques d’analyser des spécimens de cerveau entier de grands mammifères en trois dimensions, plutôt que par le biais d’études limitées à de petits échantillons de tissus. Notons également que l'étude n'offre aucune avancée clinique immédiate chez l'humain

Selon les chercheurs, les résultats de l'expérience vont à l'encontre des principes de la mort cérébrale acceptés de longue date, selon lesquels l'activité cellulaire vitale cesse de façon irréversible quelques secondes ou minutes après la coupure de l'oxygène et du flux sanguin. Le rajeunissement limité de la fonction circulatoire et du métabolisme cellulaire dans la cervelle de porc, provenant d'animaux abattus dans une usine de conditionnement de viande, a été obtenu quatre heures après la mort en lui infusant une solution chimique spéciale conçue pour préserver le tissu.

Pour l'étude, les chercheurs ont mis au point le système appelé BrainEx, utilisé pour injecter des nutriments artificiels dans le réseau vasculaire du cerveau des porcs. Les chercheurs ont toutefois souligné que les cerveaux traités ne présentaient toujours aucun signe détectable d'activité électrique organisée associée à la perception ou à la conscience. Cliniquement défini, il ne s'agit pas d'un cerveau vivant, mais d'un cerveau actif sur le plan cellulaire

Le système BrainEx comprenait des substances pour bloquer les signaux nerveux. Les chercheurs étaient également prêts à mettre un terme à toute activité électrique qui aurait pu émerger par anesthésie et réduction de la température.

Selon les chercheurs, bien que l'étude n'offre aucun bénéfice thérapeutique immédiat pour l'humain, elle crée une nouvelle plateforme de recherche qui pourrait aider les médecins à trouver des moyens de rétablir le fonctionnement du cerveau chez les patients ayant subi un AVC ou de tester de nouveaux traitements pour restaurer les cellules cérébrales endommagées par une lésion, ont déclaré les auteurs. Selon ces derniers, les recherches pourraient susciter de nouveaux dilemmes autour de la détermination de la mort elle-même, largement définie par une mesure comme la perte irréversible de toutes les fonctions cérébrales. Le flou de cette ligne a à son tour des implications pour décider quand les médecins sont éthiquement tenus de passer de la préservation de la vie d’un patient à la préservation de ses organes.

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