samedi 5 janvier 2019

Les cellules immunitaires intestinales couperaient l'inflammation chez la sclérose en plaques

Selon une étude publiée dans Cell, des chercheurs de l’University of Toronto et de l’UC San Francisco auraient découvert que l’intestin est la source de cellules immunitaires qui réduisent l’inflammation cérébrale chez les personnes atteintes de sclérose en plaques (SEP) et que l’augmentation du nombre de ces cellules bloque totalement l’inflammation dans un modèle préclinique de la maladie.

Les cellules en question sont des cellules plasmatiques, c'est-à-dire des globules blancs qui prennent naissance sous forme de cellules B dans la moelle osseuse, mais changent de comportement lorsqu'ils sont déclenchés par des microbes dans l'intestin. En étudiant des souris et des échantillons de patients atteints de sclérose en plaques, les chercheurs ont découvert que les plasmocytes qui résident dans l’intestin et produisent des anticorps anti-immunoglobuline A (IgA) semblent migrer vers le système nerveux central et produire un effet anti-inflammatoire lors de poussées de SEP.

Selon la Société canadienne de la Sclérose en plaques, la SEP est une maladie auto-immune, provoquée par d'autres types de cellules immunitaires (notamment les cellules B et T) qui attaquent la myéline, le revêtement protecteur qui entoure les fibres nerveuses. Des études cliniques récentes ont montré que les médicaments qui ciblent les cellules B atténuent la SEP, alors que ceux qui ciblent les plasmocytes aggravent la maladie. Selon les chercheurs, la présente étude offre une explication à ces résultats divergents.

Selon les chercheurs, le Canada et les États-Unis ont l'un des taux de SEP les plus élevés au monde, avec environ trois personnes sur mille touchées. Les symptômes peuvent inclure fatigue, mauvaise coordination, picotements, problèmes d'organes et troubles cognitifs. Il n'y a pas de remède, bien que des diagnostics plus rapides et de meilleurs médicaments aient amélioré les résultats de manière significative au cours des 15 dernières années.

Les chercheurs estiment que les IgA représentent 80% de tous les anticorps du corps, mais leur fonction exacte n’est pas encore totalement comprise. Cependant, les chercheurs auraient découvert des preuves de la diminution des IgA dans les échantillons de selles de patients atteints de neuroinflammation active de la SEP, suggérant que les cellules de suppression de l'inflammation avaient été recrutées pour aider à combattre la maladie des patients.

Selon les chercheurs, l'aspect prometteur de la nouvelle recherche est l'augmentation du nombre de plasmocytes d'IgA qui migrent de l'intestin vers le cerveau, neuroinflammation éradiquée chez la souris. Une approche thérapeutique pourrait viser à augmenter le nombre de ces cellules dans l'intestin, permettant ainsi un apport abondant qui pourrait se déplacer vers le cerveau et atténuer l'inflammation.

Les chercheurs soulignent, en terminant, que l'étude soulève également des questions sur les choix de microbiome et de style de vie. Certains modes de vie poussent-ils certaines personnes vers un microbiome intestinal permettant aux cellules plasmatiques immunosuppressives de prospérer? Des aliments spécifiques sont-ils propices à la création de cet environnement et, dans l'affirmative, un médicament ou un supplément pourrait-il imiter cet effet? La génétique n'est qu'un des facteurs qui influent sur la susceptibilité à la SEP. Selon les chercheurs, l'étude met en évidence la manière dont des facteurs non génétiques peuvent conférer une résistance aux maladies.

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