samedi 14 septembre 2019

L'été 2016 et la réforme Barrette

3 ans déjà. Le 14 septembre 2016 à 16h05, mon père quittait à son tour pour rejoindre ma mère partie 2 mois plus tôt, le 9 juillet 2016. Bien que le temps, mes cours en sciences, mon blog santé et J’aime la santé m’aient permis de comprendre, je suis encore sonnée par le fait qu’un univers puisse s’effondrer en l’espace de 2 mois et demie, comme un château de cartes. La mort restera toujours un départ cruel pour ceux qui partent et ceux qui restent.

Cette expérience, si cruelle soit-elle, m’a permis de saisir les enjeux du système de santé. J’ai pu prendre conscience qu’une des principales raisons de l’échec de la réforme en santé, appelée réforme Barrette en 2014 repose sur le fait que les soins de santé sont inquantifiables.

Il faut considérer que le système est gros et complexe. Ils sont nombreux, sur le terrain, à souligner que la décentralisation du pouvoir organisationnel et des budgets est la seule façon de permettre aux hôpitaux et aux différentes régions de s’organiser pour faire face à l’augmentation de la demande pour des soins. La détérioration s’explique, en partie, par le fait que les médecins de famille ont été redirigés vers le cabinet et la prise en charge, au détriment des autres activités incluant l’hospitalisation

Je n’ai aucune critique à faire sur les professionnels de la santé, ils font ce qu’ils peuvent avec les moyens qu’ils ont. J’ai une pensée pour mon amie Karine, néphrologue, qui a reçu plusieurs appels de panique de ma part concernant le taux de créatine de ma mère. J’ai particulièrement apprécié les soins apportés à mes parents par le personnel de l’Hôpital Charles Le Moyne qui ont su rendre les derniers jours de mes parents remplis d’humanité, autant pour mes parents que pour nous la famille. Que ce soit l’urgentologue de ma mère (la première à être hospitalisée) qui a dû vivre avec ma grande naïveté de penser que ce n’était peut-être pas le «moment» ou la dernière admission à l’hôpital de ma mère, l’urgentologue de mon père qui a eu la lourde tâche de nous annoncer que nous serions orphelins sous peu ou même un médecin de mon père qui a eu l’intelligence de comprendre que j’étais sonnée de voir partir ma mère puis mon père en 2 mois, au point de m’expliquer en détail les troubles de déglutition, les conséquences de maladies cardiaques, le cancer du larynx et j’en passe.

À force de pointer du doigt les professionnels à la place des réformes qu’ils subissent, on oublie l’humain derrière le professionnel, le bénéficiaire des soins de santé et la famille. Il suffit de voir les professionnels de la santé avec qui j’ai échangé depuis 2016 sur les réseaux sociaux (ils se reconnaîtront, ils sont nombreux) qui ont su m’apporter un peu de perspective sur la santé, l’acharnement thérapeutique, les soins palliatifs, la vieillesse par leurs échanges entre eux ou avec moi. On comprend qu’on reste professionnels de la santé 24 heures sur 24.

J’ose espérer qu’un débat sain sur le système de la santé laissera plus de place à l’ouverture, au dialogue et aux voix des professionnels sur le terrain qui comprennent peut-être mieux les enjeux et les besoins.

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