mardi 10 septembre 2019

Comment le cerveau filtre les sons

Comme nous annonçait l'Université de Genève concernant une étude publiée dans eneuro, l'environnement sonore est extrêmement dense, raison pour laquelle le cerveau doit s'adapter et mettre en œuvre des mécanismes de filtrage lui permettant de retenir son attention sur les éléments les plus importants et d'économiser de l'énergie. Lorsque deux sons identiques se répètent rapidement, l’un de ces filtres, appelé porte sensorielle auditive, réduit considérablement l’attention du cerveau sur le second son entendu.

Or, selon les chercheurs, chez les personnes atteintes de schizophrénie, cette capacité à réduire la réponse du cerveau à des sons identiques ne fonctionne pas correctement. Il semble que le cerveau soit constamment assailli par une multitude de stimuli auditifs qui perturbent sa capacité d’attention. Or la raison n'a pas été bien comprise.

Des chercheurs de l'Université de Genève (UNIGE) en Suisse ont étudié le mécanisme à l'origine de ce déclenchement sensoriel auditif, auparavant inconnu. Leurs résultats révèlent que le filtrage commence au tout début du traitement des stimuli auditifs, soit dans le tronc cérébral. Selon les chercheurs, cette découverte va à l’encontre des hypothèses précédentes, selon laquelle il s’agissait d’une fonction du contrôle du cortex frontal, qui est fortement affecté par les schizophrènes.

Les chercheurs mentionnent que l'une des principales caractéristiques de la schizophrénie, qui touche 0,5% de la population, est la difficulté de hiérarchiser et de classer les sons environnants, ce qui ensuite assaille l'individu. C'est pourquoi la schizophrénie est diagnostiquée à l'aide d'un test simple: le P50.

Bien que largement utilisé pour effectuer de tels diagnostics, le fonctionnement de ce mécanisme de filtrage, appelé déclenchement sensoriel auditif, reste incompris. Afin de vérifier cette hypothèse, les neuroscientifiques basés à Genève ont placé des électrodes électroencéphalographiques externes sur des souris, qui ont ensuite été soumises au test P50, faisant varier les intervalles entre les deux sons de 125 millisecondes à 2 secondes. Les résultats se sont révélés être exactement les mêmes que ceux observés chez l'humain. En effet, il y avait une nette diminution de l'activité cérébrale lors de l'écoute du deuxième son.

Les chercheurs ont ensuite placé des électrodes internes dans les régions auditives corticales et sous-corticales du cerveau, du tronc cérébral au cortex frontal, la voie de traitement des sons. Les souris ont passé le test P50 une seconde fois et, contrairement à l’hypothèse initiale formulée par les scientifiques, les chercheurs ont observé que la perte d’attention accordée au second son se produisait déjà au niveau du tronc cérébral et pas seulement au niveau cortical. Ils ont constaté une diminution de 60% de l'activité cérébrale.

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