La bactérie gastrique Helicobacter pylori colonise l'estomac d'environ la moitié de la population humaine et peut entraîner le développement d'un cancer gastrique. Comme le rapportent les chercheurs, elle
est généralement acquise dans l'enfance et persiste toute la vie, malgré
une forte réaction de défense inflammatoire dans la muqueuse gastrique.
Une telle inflammation est normalement bénéfique, car elle tue les agents pathogènes envahissants et est ensuite résolue. Dans le cas de Helicobacter pylori, cependant, l'inflammation ne réussit jamais à
éliminer l'envahisseur et persiste au contraire pendant des décennies, ce qui est une force motrice dans le développement des ulcères et du
cancer.
Or, comme le rapportent deux études menées par Max Planck Society publiées dans Gastroenterology et Gut, des chercheurs ont
découvert qu'en extrayant le cholestérol des membranes des cellules
hôtes, Helicobacter pylori décompose un composant vital nécessaire pour assembler
les récepteurs des interférons, des protéines naturelles fabriquées par les cellules de l'organisme et qui exercent des effets variés sur les cellules du système immunitaire. Ces cytokines, des hormones du système immunitaire, sont des molécules de signalisation clés pour convoquer
le système immunitaire adaptatif à la muqueuse infectée. Leur
absence génère une niche où les bactéries peuvent survivre alors que
l'inflammation continue sans relâche dans la zone environnante.
Les chercheurs mentionnent qu'alors
que la gastrite et l'ulcère gastrique étaient autrefois attribuables au
stress et aux facteurs alimentaires, on aurait découvert dans les années
1980 que le véritable coupable était l'infection par une bactérie, Helicobacter pylori. Cet
agent pathogène est maintenant classé comme un cancérogène de type I
par l'Organisation mondiale de la santé, car il est le principal facteur de risque de développement du
carcinome gastrique. Les chercheurs mentionnent que les tentatives pour développer un vaccin contre Helicobacter pylori ont été
infructueuses et les nouveaux résultats fournissent la première
explication potentielle de ces échecs. En effet, Helicobacter pylori bloque le signal qui
permettrait aux cellules infectées d'invoquer l'aide du système
immunitaire.
Les chercheurs soulignent également avoir déjà découvert il y a plus de dix ans que Helicobacter pylori exprimait une enzyme
appelée cholestérol-α-glucosyltransférase pour extraire le cholestérol
dont il a besoin à partir de cellules hôtes. Sans cette enzyme, les bactéries sont incapables d'infecter les souris. À
l'époque, les chercheurs avaient également noté que l'excès de cholestérol dans le
régime alimentaire des souris améliorait la clairance du pathogène,
mais exacerbait l'inflammation. Or, de quelle manière la capacité à extraire le cholestérol était liée à l'évasion immunitaire restait un peu floue à l'époque.
Les chercheurs ont réussi à
reconstituer l'épithélium muqueux de l'estomac, produisant ce qu'on
appelle des «mucosoïdes» dans lesquels les cellules gastriques se
développent en monocouches avec une surface extérieure et une surface
interne et produisent même le mucus qui tapisse et protège l'estomac. En conséquence, les «mini-organes» infectés pourraient être maintenus en vie pendant des mois.
Les
cellules épithéliales gastriques infectées invoquent normalement les
cellules immunitaires et génèrent des facteurs antimicrobiens tuant
les bactéries. Cette réponse dépend d'un facteur de signalisation immunitaire crucial produit par les cellules épithéliales, soit l'interféron-γ. En
utilisant le modèle de la muqueuse, les chercheurs ont constaté que les
bactéries survivent en tant que petites microcolonies au sommet des
cellules. Cela
s'est avéré être dû à l'absence de ce que qualifient les chercheurs de "radeaux lipidiques" dans les
membranes cellulaires, qui sont nécessaires pour l'assemblage des
complexes récepteurs d'interféron. Sans ceux-ci, les cellules hôtes n'ont tout simplement pas du tout répondu à l'interféron-y. Les radeaux lipidiques sont faits de cholestérol, et leur destruction
est médiée par la cholestérol-α-glucosyltransférase de la bactérie.
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