mardi 6 mars 2018

De nouveaux mécanismes par lesquels le VIH se cache dans les cellules infectées découverts

Dans une recherche publiée dans Science Translational Medicine, des chercheurs de l'UC San Francisco ont découvert de nouveaux mécanismes par lesquels le VIH se cache dans les cellules infectées, se reposant dans un état latent qui échappe au système immunitaire et empêche les médicaments antiviraux de les éliminer. Selon les chercheurs, les résultats pourraient aider les scientifiques à concevoir et tester de nouvelles thérapies visant à guérir un virus qui aurait fait plus de 35 millions de morts à ce jour, représentant un problème mondial majeur de santé publique, comme le rapporte l'Organisation mondiale de la santé.

Les chercheurs mentionnent que le VIH réquisitionne les cellules du système immunitaire appelées cellules T CD4 et les transforme en usines qui peuvent produire plus de virus. Mais pour des raisons qui restent mystérieuses, une infime partie de ces cellules infectées deviennent dormantes et ne produisent pas de virus. La découverte de ces cellules «silencieuses» infectées par le VIH est extrêmement difficile. Or, les cellules infectées de manière latente peuvent rester dormantes pendant des décennies, peut-être indéfiniment,  avant de rencontrer certains stimuli naturels qui les amènent à produire des particules virales. Les thérapies antirétrovirales actuelles (ART) ne peuvent pas tuer les cellules infectées de manière latente, ni ne peuvent les empêcher de se réactiver. Au mieux, les ARV peuvent garder le virus à distance, mais il rebondit habituellement dès que les patients cessent de prendre les médicaments.

Comme le rapporte la récente étude, les chercheurs pensaient auparavant que la latence provenait de l'incapacité des cellules CD4 à convertir l'ADN du VIH en ARN viral. Seon eux, un mécanisme cellulaire inconnu bloquait le début de ce processus de conversion ADN-ARN, appelé transcription, ce qui signifiait que même si l'ADN viral persistait, il ne se traduisait jamais en protéines virales qui déclencheraient une réponse du système immunitaire du corps. Ils ont découvert que ce n'était pas le cas. En utilisant un panel de tests pour différentes régions de l'ARN viral (basé sur une méthode d'amplification et de quantification appelée droplet digital PCR), les chercheurs ont détecté plusieurs fragments d'ARN viral, ce qui signifie que le processus de conversion de l'ADN viral en ARN commençait dans des cellules infectées de manière latente.

Cependant, ces fragments d'ARN étaient presque tous courts ou incomplets, ce qui signifiait que le processus de transcription stagnait à divers stades. Les cellules infectées étaient incapables de produire des ARN viraux plus longs et le processus de transcription n'était jamais achevé. Ces problèmes de transcription ont été inversés, cependant, lorsque les chercheurs ont activé les cellules T infectées.

Selon ces derniers, ce n'est pas que les cellules ne produisent pas d'ARN viral, mais que l'ARN n'est pas fini. Pour réveiller les cellules latentes, le processus complet de transcription virale doit avoir lieu, et aucun des médicaments actuellement disponibles ne peut efficacement compléter ce processus. Les chercheurs croient pouvoir commencer à développer des médicaments qui vont leur faire finir l'ARN viral, qui peut ensuite être transformé en protéines virales afin que le corps puisse reconnaître et tuer les cellules infectées. 

Les chercheurs ont expérimenté divers agents «inversion de latence», bien qu'ils ne soient pas encore utilisés en clinique. Dans la nouvelle étude, les chercheurs ont découvert que chacun de ces agents a aidé les cellules à différentes étapes du processus de production de l'ARN viral, donc une combinaison d'entre eux peut être nécessaire pour activer complètement les cellules CD4 de leur état latent. Les chercheurs croient pouvoir rechercher de nouveaux médicaments ou combinaisons et tester leur capacité à surmonter ces blocs de transcription. Selon eux, la récente étude fournit une feuille de route pour concevoir et évaluer de nouvelles thérapies. 

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