vendredi 19 janvier 2018

Une nouvelle approche de l'immunothérapie stimulerait la capacité du corps à détruire les cellules cancéreuses

Au fil des lectures, je constate que peu de traitements contre le cancer génèrent aujourd'hui plus d'excitation que l'immunothérapie, des médicaments basés sur le principe que le système immunitaire peut être utilisé pour détecter et tuer les cellules cancéreuses, de la même manière que pour les microorganismes infectieux. Essentiellement, selon la Société canadienne du cancer, le système immunitaire a la capacité de trouver et de détruire les cellules cancéreuses. Il est formé d’organes, de  cellules particulières et de substances qui agissent ensemble pour trouver et combattre les germes, comme les virus ou les bactéries ou encore les cellules anormales ou malsaines qui provoquent des maladies telles que le cancer. Les germes et les cellules cancéreuses ont à leur surface des molécules appelées antigènes qui incitent le système immunitaire à les trouver et à les détruire. Mais certaines cellules cancéreuses parviennent à se cacher du système immunitaire puisqu’elles ressemblent beaucoup à des cellules normales. Dans certains cas, le système immunitaire arrive à trouver les cellules cancéreuses sans être toutefois assez fort pour toutes les détruire. Certaines cellules cancéreuses peuvent même modifier la façon dont le système immunitaire réagit, faisant ainsi en sorte qu’il ne fonctionne pas correctement. L’immunothérapie renforce le système  immunitaire ou l’aide à trouver le cancer et à l’attaquer. On a recours à l’immunothérapie dans le but d'interrompre ou ralentir la croissance du cancer, d'empêcher le cancer de se propager à d’autres parties du corps, d'aider le système immunitaire à être plus efficace pour détruire les cellules cancéreuses ou d'administrer des toxines, comme la radiothérapie ou la chimiothérapie, directement aux cellules cancéreuses. Pourtant, ces traitements ne profitent qu'à certains patients et restent inefficaces dans la grande majorité des cas. Les cellules cancéreuses sont rusées et elles ont plusieurs façons de se protéger contre les attaques immunitaires.

Les chercheurs du Rockefeller University ont découvert une stratégie visant à contourner les barrières protectrices du cancer, facilitant ainsi le travail des cellules immunitaires, telle que rapportée dans Cell. Cette approche se concentre sur les cellules immunitaires appelées cellules suppressives dérivées des myéloïdes (myeloid-derived suppressor cells ou MDSCs) et semble capable de détruire un certain nombre de types de cancer différents chez la souris. En outre, les résultats du tout premier essai clinique de ce traitement révèlent qu'il est efficace dans l'activation des cellules immunitaires qui tuent les cellules cancéreuses.
Selon les chercheurs, les MDSC sont connus pour empêcher d'autres types de cellules immunitaires, comme les lymphocytes T et les cellules Natural Killer, de cibler le cancer. Ces derniers ont prédit que s'ils pouvaient trouver un moyen de tuer les MDSC, cela conduirait à l'activation de réponses immunitaires bénéfiques. Selon les chercheurs, des recherches antérieures avaient étudié un gène appelé ApoE et son rôle dans la suppression de la propagation des tumeurs mélanomateuses de leur site d'origine à d'autres organes. Ils ont constaté que l'augmentation de l'ApoE entraînait une réduction des métastases, en empêchant les cellules cancéreuses d'envahir les tissus sains et de développer les vaisseaux sanguins.
Or, les chercheurs ont découvert par la suite que les médicaments qui activaient l'ApoE étaient plus efficaces chez les souris ayant un système immunitaire en bonne santé, comparativement à celles qui n'en avaient pas. En plus de leur effet anti-métastatique, ces médicaments semblaient influencer la réponse immunitaire en réduisant les niveaux de MDSC des animaux et, par conséquent, en activant les lymphocytes T combattant les tumeurs, qui étaient ensuite capables de détruire le cancer. Selon les chercheurs, ces résultats suggèrent que l'activation de la voie ApoE pourrait améliorer la réaction immunitaire contre le cancer.
Les chercheurs ont soumis des souris avec différents types de cancer à un composé appelé RGX-104, qui est connu pour induire la production d'ApoE par l'organisme. Le composé s'est avéré efficace contre un certain nombre de types de tumeurs, notamment les cancers du poumon, du rein, de l'ovaire et du sein, ainsi que contre le mélanome et le glioblastome. Il a tué les MDSC de la souris, et les chercheurs ont confirmé que tuer ces cellules a permis à d'autres cellules immunitaires d'entrer et de détruire le cancer.
Notons que RGX-104 est également testé dans un essai clinique multicentrique de phase I chez des personnes atteintes de différents types de cancer. Le composé est évalué seul et en association avec un autre type de médicament d'immunothérapie appelé inhibiteur de la PD-1. L'étude rapporte les premiers résultats de cet essai pour les six premiers patients, qui ont montré que les personnes ayant reçu le composé avaient une réduction du nombre de MDSC dans leur corps et une réponse immunitaire accrue. 
 

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