jeudi 4 janvier 2018

Le Mea Culpa nécessaire du ministre Gaétan Barrette #JAimeLaSanté

Reuters Health nous apprenait que la Première ministre britannique Theresa May avait présenté ses excuses à des dizaines de milliers de patients dont les opérations ont été annulées afin de libérer du personnel et des lits pour soigner les patients en urgence. Lors d'une visite dans un hôpital à l'extérieur de Londres, cette dernière a même déclaré qu'elle reconnaissait que c'était frustrant pour les patients dont les opérations avaient été reportées. Une épidémie de grippe, des températures plus froides et des taux élevés de maladies respiratoires ont mis les hôpitaux britanniques sous pression, beaucoup d'entre eux fonctionnant à pleine capacité ou presque. La situation est loin d'être rose, des budgets serrés, une population vieillissante et des besoins médicaux de plus en plus complexes ont laissé de nombreux hôpitaux se débattre pendant l'hiver ces dernières années.

Cette situation nous pousse à regarder ce qui se passe ici. Je m'en tiendrai qu'aux faits, neutres, dépourvus de partisanerie. L'automne dernier, je partageais les réflexions suivantes. Les consultations externes étaient réduites de 65 % au nouveau CHUM, laissant aux médecins une invitation à ouvrir des bureaux à gestion privée. L'Abitibi-Témiscamingue se retrouvera des mois sans anesthésiste à l’hôpital de Ville-Marie, brisant ainsi une entente historique. Qui doit-on blâmer? Les pénuries d’anesthésistes ne sont pas causées par un manque d’effectifs mais par la centralisation à Québec des décisions des ressources humaines. En tentant de contrôler à partir de Québec, le Ministère de la Santé et des Services sociaux a empêché la reconduction d’ententes historiques entre les médecins et les hôpitaux. Le ministère, par sa gestion centralisée, éloignée des besoins locaux, doit maintenant éteindre plusieurs des feux qu’il a lui-même allumés. Ceux-ci ne sont que des exemples, parmi tant d'autres, des réformes qui transforment un système de santé, des réformes souvent critiquées, avec raison, par les intervenants du système de santé.

Les préoccupations de la population au sujet de la santé vont inévitablement occuper une place importante dans les années. Comme le mentionnait l'ex-ministre de la santé Claude Castonguay, l’état du système est tel qu’une majorité de Québécois est convaincue qu’une réforme en profondeur est nécessaire. Le patient doit être replacé au centre du système. La demande accrue de services provoquée par le vieillissement de la population, un vieillissement plus rapide au Québec qu'ailleurs dans le monde, nécessite une organisation des services.

Alors que le ministre nous souhaitait santé, bonheur et prospérité en 2018 ainsi qu'une année politique sereine, lucide et bien informée, j'ai pris l'invitation au mot. Ce que je constate au fil des lectures? la situation est loin d'être plus rose depuis. Voici, en rafale, les faits, seulement les faits que le ministre ne pourra nier. Les urgences débordent dans plusieurs régions du Québec. Les trois psychiatres de l’Hôpital de Thetford Mines démissionnait en bloc récemment, dénonçant des pratiques désuètes à l’interne et des investissements insuffisants en consultation externe. Cette démission forcera la fermeture temporaire de l’unité de psychiatrie de l’hôpital. De plus, le transfert des personnes âgées à l’hôpital alors qu’elles sont à l’agonie ne respecte pas leur droit de mourir dans la dignité, selon la Société québécoise des médecins en soins palliatifs. La découverture médicale dans les centres de soins de longue durée porte atteinte au droit des patients de recevoir des soins palliatifs respectueux de leur dignité. Ce droit est maintenant enchâssé dans la Loi concernant les soins de vie. Le Commissaire à la santé et au bien-être lançait récemment un avertissement à propos des effets du vieillissement de la population québécoise sur le temps d'attente dans les urgences.
Après Sainte-Anne-des-Monts, l'hôpital de Matane annoncait une rupture de service peu de temps avant les Fêtes. De plus, alors que la loi 20 visait à inscrire 1,3 million de citoyens en date du 31 décembre 2017, Gaétan Barrette reconnaissait avoir raté sa cible.

Henry Mintzberg soulignait dans Montreal Gazette que le réseau n'avait jamais été aussi centralisé et bureaucratisé au ministère à Québec, enlevant l'initiative locale, l'adaptation au milieu, le partenariat avec le citoyen. Le Devoir résumait l'année 2017 par un recul de l’accès, une diminution et une réduction des services, un réseau fragilisé et affaibli, un épuisement du personnel ainsi qu'une démotivation palpable.

Maria De Koninck, professeure émérite du Département de médecine sociale et préventive, à l'Université Laval rappelait, dans une lettre d'opinion, que le premier ministre a la capacité et le devoir de mettre fin à la détérioration constatée dans l’organisation des services de santé et des services sociaux, lui rappelant la nécessité d’imposer un moratoire à la mise en œuvre de la réforme de la santé.

Force est d'admettre que les réformes ne fonctionnent pas. Les solutions sont pourtant exprimées. Suffit de vouloir les entendre.

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