Comme le rapporte l'Agence France Presse (AFP), une vague de méfiance amplifiée par les réseaux sociaux aurait érodé la
confiance du public concernant la médecine moderne, laissant les scientifiques
et les responsables de la santé se démener pour trouver des moyens de
renforcer sa crédibilité.
Une
enquête menée par le British Academy of Medical Sciences l'année
dernière a révélé que seulement 37 pour cent des Britanniques ont fait
confiance aux preuves de la recherche médicale. Les deux tiers ont cité les amis et la famille comme plus fiables.
L'AFP rapporte qu'un quart des 1 500 parents interrogés aux États-Unis en 2017 croyaient
que les vaccins peuvent causer l'autisme chez les enfants en bonne
santé, malgré un manque total de preuves crédibles. Un sur dix avait refusé de donner à sa progéniture au moins un vaccin. En France, entre-temps, plus de 40% des adultes ont exprimé des doutes sur l'efficacité ou l'innocuité du vaccin.
Selon l'AFP, cette méfiance aurait des conséquences sur la santé publique. En effet, la
coqueluche, la rougeole et les oreillons, des maladies transmissibles
qui ont effectivement disparu, ont tous connu une résurgence aux
États-Unis au cours de la dernière décennie parce que le nombre de
parents refusant de vacciner leurs tout-petits dépassait le seuil requis
pour assurer l'immunité collective.
En France, les autorités sanitaires ont été obligées d'agir. En effet, dès cette
année, tout enfant qui n'a pas été vacciné pour 11 maladies spécifiques
ne sera pas admis à la maternelle ou à l'école.
L'AFP explique cette méfiance par différents facteurs. La France a été profondément ébranlée par un scandale dans
lequel près de 4000 personnes ont été infectées par le VIH dans les
années 1980 après avoir reçu des transfusions sanguines contaminées.En 2010, l'utilisation d'un médicament contre le diabète appelé Mediator a provoqué des problèmes cardiaques mortels. Et l'automne dernier, des milliers de malformations sévères chez les
nouveau-nés ont été attribuées au médicament contre l'épilepsie
Valproate. Des scandales similaires liés à EpiPens pour les médicaments contre
l'anaphylaxie et le cancer, ainsi que les prix abusifs, et les
inquiétudes concernant la prescription excessive d'opioïdes ont ébranlé
la confiance du public envers les médecins et les «Big Pharma».
Une erreur médicale d'un autre genre a été la publication en 1998 par The Lancet, une revue médicale respectée, d'une recherche qui a établi
un lien de cause à effet entre les vaccins et l'autisme chez les
enfants. Quand il fut révélé plus tard que les preuves sous-jacentes à cette
affirmation avaient été falsifiées, l'étude fut retirée et son auteur
Andrew Wakefield fut exclu de la profession.
Selon Cornelia Betsch, chercheur à l'Université d'Erfurt en Allemagne, le fait de ne plus voir les maladies, seulement des rapports sur les effets secondaires
possibles conduit à surestimer les risques de vaccination, et à sous-estimer les risques de ces maladies. Eric Oliver, politologue à l'Université de Chicago, mentionne, de son côté, que de nombreux enfants reçoivent un diagnostic d'autisme à l'âge de deux
ans, soit à peu près le même âge où ils reçoivent leur vaccin contre la rougeole, les oreillons
et la rubéole.
Selon Walter
Quattrociocchi, chercheur au Laboratoire de sciences sociales
computationnelles de Lucca, en Italie, les médias sociaux sont rapidement devenus la principale source
d'information pour de nombreux utilisateurs. Il mentionne en terminant un tweet datant de 2014 de Donald Trump: «Healthy young child goes to doctor, gets pumped with massive shot of
many vaccines, doesn't feel good and changes - AUTISM. Many such cases!»
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