jeudi 18 juillet 2019

Une infection intestinale peut-elle déclencher la maladie de Parkinson?

Une étude menée par l'Université de Montréal publiée dans Nature révèle 'une infection intestinale peut entraîner une pathologie semblable à la maladie de Parkinson (MP) chez la souris dépourvue de gène lié à la maladie humaine.

Selon les chercheurs, le nombre de patients atteints de MP dans le monde a plus que doublé entre 1990 et 2016, passant de 2,5 millions à 6,1 millions. Un doublement projeté du nombre de patients au cours des 30 prochaines années, relativement conservateur, donnerait plus de 12 millions de patients dans le monde d'ici 2050 environ.

Les chercheurs révèlent qu'environ 10% des cas de MP sont dus à des mutations de gènes codant pour des protéines telles que PINK1 et Parkine, qui ont été liées à la mitochondrie (l'organelle dans les cellules qui produit de l'énergie). Les patients porteurs de ces mutations développent la MP beaucoup plus tôt. Toutefois, chez les souris, les mêmes mutations ne génèrent pas de symptômes de la maladie, ce qui a amené de nombreux chercheurs à conclure que les souris ne convenaient peut-être pas à l’étude de la MP.

Les chercheurs croient que les résultats pourraient expliquer cette disparité. En effet, les souris en laboratoire sont normalement gardées dans des installations exemptes de germes, des conditions non représentatives de celles rencontrées par des êtres humains constamment exposés micro-organismes infectieux. Ces derniers croient que le lien entre l'infection et la MP stimulera la poursuite de l'étude de la réponse immunitaire liée à l'initiation de la maladie, permettant ainsi aux chercheurs de développer et de tester de nouvelles approches thérapeutiques.

Les chercheurs soulignent que la MP est causée par la mort progressive d'un sous-ensemble de neurones dans le cerveau, appelés neurones dopaminergiques. Cette perte de neurones est responsable des symptômes moteurs typiques observés chez les patients MP, y compris les tremblements et la rigidité. Les causes de la mort des neurones dopaminergiques sont encore inconnues.

Les chercheurs ont découvert que chez les souris dépourvues d’un gène lié à la MP, une infection par une bactérie causant de légers symptômes intestinaux chez de jeunes souris était suffisante pour déclencher des symptômes analogues à la MP chez ces animaux plus tard dans la vie.

Selon les chercheurs, l'administration de L-DOPA, un médicament utilisé pour traiter les patients atteints de la maladie de Parkinson, pourrait remédier temporairement aux symptômes analogues à la maladie de Parkinson. Ces derniers croient que chez des souris normales, le système immunitaire a bien répondu à l'infection de l'intestin. Cependant, chez les souris dépourvues du gène PINK1 lié à la maladie de Parkinson, le système immunitaire a réagi de manière excessive et a déclenché une auto-immunité, un processus qui conduit le système immunitaire à attaquer les cellules saines de l'organisme. Les chercheurs croient qu'au lieu de mourir de l'accumulation de toxines, la destruction des neurones dopaminergiques implique des cellules immunitaires.

Chez les souris mutantes infectées, des lymphocytes T toxiques autoréactifs se sont révélés présents dans le cerveau et capables d'attaquer des neurones sains dans des boîtes de Pétri. Les chercheurs croient que certaines formes de MP sont une maladie auto-immune susceptible de se manifester dans l'intestin plusieurs années avant que les symptômes moteurs, soulignant le fait qu'il existe une fenêtre de temps pour le traitement préventif.

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