mardi 28 mai 2019

Les femmes seraient moins susceptibles que les hommes d'être réanimées et de survivre à un arrêt cardiaque

Selon une nouvelle étude publiée dans l'European Heart Journal, les femmes victimes d'un arrêt cardiaque en dehors du cadre hospitalier ont moins de chances d'être réanimées par des passants. En effet, les chercheurs ont découvert que les hommes et les femmes ne bénéficiaient pas du même traitement en cas d'arrêt cardiaque dans la communauté. Un facteur important dans cette situation était que les gens ne reconnaissaient pas que les femmes qui s'étaient effondrées subissaient un arrêt cardiaque, ce qui entraînait des retards dans l'appel des services d'urgence et des délais dans le traitement de réanimation. Un arrêt cardiaque se produit lorsque le cœur présente un rythme irrégulier puis cesse de battre complètement. C'est différent d'une crise cardiaque (ou d'un infarctus du myocarde).

Les chercheurs ont constaté que le pire résultat chez les femmes est largement imputable au fait que les femmes avaient environ la moitié des chances d’avoir un rythme initial choquable (shockable initial rhythm) par rapport aux hommes.

Selon les chercheurs, le rythme initial choquable est le rythme cardiaque enregistré lorsqu'une personne en arrêt cardiaque est connectée à un électrocardiogramme; il est très rapide (souvent plus de 300 battements par minute) et chaotique. Ce rythme rapide et irrégulier empêche le cœur de battre de manière coordonnée, de sorte qu'il n'y ait pas de fonction de pompe efficace et que le sang ne peut plus circuler autour du corps et du cœur, entraînant un arrêt cardiaque. La mort survient en quelques minutes à moins que le cœur ne puisse reprendre son rythme normal au moyen d'un courant électrique provenant d'un défibrillateur. Si cela ne se produit pas, le rythme initial choquable se dissout en une ligne plate, ce qui indique l'absence d'activité électrique du cœur. À ce stade, il est trop tard pour que la défibrillation fonctionne et il ne reste que la compression thoracique pour tenter de rétablir la circulation sanguine suffisamment pour que le cœur retrouve son activité électrique et mécanique. La capacité de reconnaître et de traiter un arrêt cardiaque en quelques minutes est donc cruciale pour pouvoir traiter des patients alors que leur rythme initial est choquable et avant que leur cœur ne s'arrête.

Les chercheurs ont analysé les données de toutes les tentatives de réanimation effectuées par les services d'urgence entre 2006 et 2012 dans une province des Pays-Bas. Ils ont identifié 5 717 arrêts cardiaques hors hospitalisation traités pendant cette période, dont 28% chez des femmes.

Ils ont découvert que les femmes étaient moins susceptibles que les hommes de subir une tentative de réanimation de la part d'un passant (68% contre 73%), même lorsqu'il y avait quelqu'un sur place pour assister à l'effondrement (69% contre 74%). La survie entre le moment de l'arrêt cardiaque et l'admission à l'hôpital était plus faible chez les femmes (34% contre 37%) et les femmes étaient moins susceptibles de survivre de leur admission à leur sortie (37% contre 55%). Dans l'ensemble, les chances de survie des femmes après leur sortie de l'hôpital étaient environ la moitié de celles des hommes (12,5% contre 20%). Les chercheurs pensent que cela s'explique en grande partie par le taux plus bas de rythme initial choquable chez les femmes , soit 33% contre 52%

Les chercheurs ont également constaté des différences dans la manière dont les femmes étaient traitées à l'hôpital. Ils étaient moins susceptibles de recevoir un diagnostic d'infarctus aigu du myocarde et moins susceptibles de subir une angiographie coronaire ou une intervention coronarienne percutanée.

Les chercheurs expliquent que le nombre de femmes qui ont un rythme initial choquable au moment où les services d’urgence les atteignent est peut-être attribuable au fait que moins de femmes que d’hommes avaient tendance à subir un arrêt cardiaque alors que d’autres personnes l’entouraient (pour des raisons démographiques, il y a plus de femmes âgées vivant seules que d'hommes), et parce que les symptômes d'une crise cardiaque (l'une des causes les plus courantes d'arrêt cardiaque) peuvent ne pas être reconnus aussi rapidement chez les femmes.

Les chercheurs mentionnent, en terminant, que l'étude avait certaines limites, incluant le fait que 181 patients survivants n'ont pas été inclus parce qu'ils n'ont pas consenti, et les données sur les maladies préexistantes chez 27,5% des patients ayant subi une crise cardiaque étaient manquantes, bien que dans les deux cas, les données manquantes aient été réparties également entre les sexes. Les chercheurs ne disposaient d'aucune information sur les symptômes signalés par les patients avant leur crise cardiaque, ce qui aurait pu influer sur la rapidité avec laquelle les témoins pourraient effectuer un appel d'urgence.

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