dimanche 24 juin 2018

Un composé fabriqué à l'intérieur du corps humain empêche les virus de se répliquer

Selon une étude menée par Pennsylvania State University  publiée dans Nature, les médicaments antiviraux les plus récents pourraient tirer avantage d'un composé fabriqué non pas par des humains, mais plutôt à l'intérieur d'eux. Des chercheurs ont identifié le mode d'action de la viperine, une enzyme naturelle chez l'homme et d'autres mammifères connue pour avoir des effets antiviraux sur une grande variété de virus, notamment le virus du Nil occidental, l'hépatite C, la rage et le VIH.

L'enzyme facilite une réaction qui produit la molécule ddhCTP, qui empêche les virus de copier leur matériel génétique et donc de se multiplier. Selon les chercheurs, cette découverte pourrait leur permettre de développer un médicament qui induirait le corps humain à produire cette molécule et pourrait agir comme une thérapie à large spectre pour une gamme de virus. 

Comme l'expliquent les chercheurs, un virus co-opte généralement les blocs génétiques de l'hôte pour copier son propre matériel génétique, en incorporant des molécules appelées nucléotides dans de nouveaux brins d'ARN. La molécule ddhCTP imite ces blocs de construction nucléotidiques et devient incorporée dans le génome du virus. Une fois incorporés dans un nouveau brin de l'ARN du virus, ces «analogues nucléotidiques» empêchent une enzyme appelée ARN polymérase d'ajouter plus de nucléotides au brin, empêchant ainsi le virus de faire de nouvelles copies de son matériel génétique.

Selon les chercheurs, l'obstacle majeur au développement de nucléotides antiviraux thérapeutiquement utiles est des cibles involontaires. Or, la molécule ddhCTP, cependant, ne semble pas avoir de cibles inattendues. Les chercheurs croient que l'origine naturelle du composé dans le corps humain nécessite qu'il soit non toxique.

Afin de vérifier l'efficacité de ddhCTP, les chercheurs ont montré que la molécule inhibait les ARN polymérases du virus de la dengue, du virus du Nil occidental et du virus Zika, qui se trouvent tous dans un groupe de virus appelés flavivirus. Ensuite, ils ont étudié si la molécule a arrêté la réplication du virus Zika dans les cellules vivantes.

Selon les chercheurs, ces résultats démontrent des effets antiviraux prometteurs de ddhCTP sur une variété de flavivirus. Cependant, les ARN polymérases du rhinovirus humain et du poliovirus, qui appartiennent à un groupe appelé picornavirus, n'étaient pas sensibles à la molécule. Les chercheurs prévoient d'étudier les structures polymérases de ces virus pour mieux comprendre pourquoi les flavivirus sont sensibles à ddhCTP alors que les picornavirus testés dans cette étude ne le sont pas.

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