samedi 16 juin 2018

La mutation relierait le trouble bipolaire à la maladie mitochondriale

Selon l'Institut universitaire en santé mentale Douglas, les troubles bipolaires sont des maladies qui entraînent des dérèglements de l'humeur se manifestant par des phases tant de dépression que d'excitation (manies). Ces phases apparaissent soit en réaction au stress, soit sans raison apparente et peuvent être d'intensité variable et s'entrecouper de périodes de stabilité. C'est une condition médicale qui est caractérisée par des changements dans le fonctionnement du cerveau.

Or, selon une étude menée par RIKEN Center for Brain Science (CBS) publiée dans Molecular Psychiatry, les mutations dans le gène ANT1 peuvent conférer un risque de trouble bipolaire à travers une interaction complexe entre la sérotonine et la signalisation mitochondriale dans le cerveau. Ces deux voies ont été impliquées séparément dans le trouble bipolaire, cependant le lien entre les niveaux de la sérotonine neurotransmetteur et la dysfonction mitochondriale restait inconnu. Selon les chercheurs, la dysfonction mitochondriale affecte l'activité des neurones sérotoninergiques chez les souris avec des mutations de ANT1.

Les mitochondries sont les organites vitaux qui fournissent de l'énergie à toutes les cellules. Les chercheurs rapportent que des lésions mitochondriales ont été trouvées, par exemple, dans l'imagerie cérébrale des patients bipolaires et dans les cerveaux post-mortem. Environ 20% des patients atteints d'une maladie mitochondriale ont également un trouble bipolaire, une maladie psychiatrique majeure caractérisée par des épisodes maniaques et dépressifs. De plus, selon les chercheurs, le fonctionnement altéré de la sérotonine semble être impliqué dans le trouble bipolaire, car les médicaments qui ciblent les niveaux de sérotonine peuvent traiter efficacement la maladie. Les chercheurs croient que la dysfonction mitochondriale peut altérer l'activité des neurones sérotoninergiques dans le trouble bipolaire.

Les chercheurs ont commencé par identifier les mutations ANT1 chez les patients atteints de trouble bipolaire. Ils ont ensuite examiné les souris qui n'ont pas le gène ANT1 dans le cerveau seulement. Par rapport aux souris non mutantes, les mitochondries chez ces souris knock-out ne pouvaient pas retenir le calcium et avaient des pores qui fuient. Les souris mutantes ANT1 ont également montré une impulsivité plus faible dans les tests de comportement. Leur cerveau a montré un taux élevé de renouvellement de la sérotonine. Cet état hyper-sérotoninergique est probablement le résultat d'une cascade de changements qui commence avec la perte du gène ANT1 et des mitochondries dysfonctionnelles qui en résultent. Une activité sérotoninergique accrue peut alors encore détériorer les mitochondries dans un cercle vicieux.

Les neurones sérotoninergiques se sont détériorés dans une région du cerveau appelée le raphé dorsal, une région également affectée par la maladie de Parkinson, soit une autre maladie qui peut avoir ses racines dans la dysfonction mitochondriale. Selon les chercheurs, la mutation ANT1 ne cause pas de trouble bipolairemais elle est associée à un risque élevé.  
 

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