Selon deux grandes études aux États-Unis et au Canada publiées ici, ici et ici dans le New England Journal of Medicine, un traitement probiotique largement utilisé est inefficace contre la diarrhée, les vomissements et les douleurs abdominales de la gastro-entérite
Cinq jours de traitement avec un ingrédient clé de nombreux produits, Lactobacillus rhamnosus, n’a pas été plus efficace contre les symptômes que le placebo chez les enfants âgés de 3 mois à 4 ans. De plus, selon l'étude canadienne, l'ajout d'un deuxième probiotique au mélange ne présentait également aucun bénéfice. Les chercheurs soulignent que l'intestin humain regorge de milliers de types de bactéries, dont beaucoup aideraient les intestins à faire leur travail. Bien que les médecins commencent tout juste à comprendre l’interaction de ces bactéries, les probiotiques sont vendus sur la base du principe selon lequel une maladie telle que la gastro-entérite peut être guérie en introduisant des bactéries plus utiles dans le corps.
Selon les chercheurs, la gastro-entérite est un grave problème pour les jeunes enfants, en particulier dans les pays pauvres où elle est la deuxième cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans dans le monde. Aux États-Unis, la maladie génère environ 1,7 million de visites aux salles d’urgence chaque année. Il n’existe aucun traitement efficace et les médecins essaient généralement de maintenir l’hydratation de l’enfant et d’empêcher la maladie de se propager jusqu’à ce que la maladie se développe.
Or, selon les chercheurs, les résultats de quelques essais limités et mal contrôlés ont convaincu de nombreux hôpitaux et certaines sociétés de médecine de se lancer dans le traitement par probiotiques, un secteur qui représente désormais 47 milliards de dollars.
Les chercheurs mentionnent que dans l’essai américain réalisé auprès de 10 services d’urgence pédiatriques et impliquant 971 enfants, la durée de la diarrhée était de 49,7 heures avec la formule probiotique et de 50,9 heures avec le placebo. La maladie s'est propagée à un autre membre du ménage dans 11% des cas d'utilisation du probiotique, contre 14% lorsque le placebo était administré, une différence statistiquement non significative.
De même, dans l'étude canadienne, la durée de la diarrhée et des vomissements était la même quel que soit le traitement pour les 886 enfants, bien que le nombre d'épisodes de vomissements soit plus élevé dans le groupe des probiotiques.
Les chercheurs soulignent, en terminant, que que les résultats de ces recherches ne signifiaient pas que les probiotiques étaient mauvais et que les nouvelles études n’ont révélé aucune preuve de leur nocivité. Il reste à savoir si des probiotiques autres que L. rhamnosus pourraient être efficaces contre la diarrhée infectieuse chez les enfants. Cependant, la recherche montre que de telles prétentions doivent être rigoureusement testées avant d’être acceptées.
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