mardi 4 juin 2019

La musique aide le cerveau des bébés très prématurés à se construire

Comme le révèle une étude menée par l'University of Geneva publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences, bien que les progrès de la médecine néonatale donnent maintenant de bonnes chances de survie aux prématurés, ces derniers courent toutefois un risque élevé de développer des troubles neuropsychologiques. Pour aider les cerveaux de ces nouveau-nés fragiles à se développer au mieux malgré l'environnement stressant des soins intensifs, les chercheurs ont découvert, grâce à l'imagerie médicale, que les réseaux de neurones de prématurés ayant écouté une musique spécialement conçue pour eux, et notamment un réseau impliqué dans de nombreuses fonctions sensorielles et cognitives se développent beaucoup mieux.

Les chercheurs soulignent que l’unité de soins intensifs néonatals des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) accueille chaque année 80 prématurés, nés entre 24 et 32 ​​semaines de grossesse, soit près de quatre mois d’avance pour certains d’entre eux. La grande majorité survivra, mais la moitié développera plus tard des troubles du développement neurologique, notamment des difficultés d'apprentissage, des troubles de l'attention ou des troubles émotionnels. Selon les chercheurs, à la naissance, le cerveau de ces bébés est encore immature. Le développement du cerveau doit donc se poursuivre en unité de soins intensifs dans un incubateur, dans des conditions très différentes de celles qui prévalent dans le ventre de leur mère. L'immaturité du cerveau, combinée à un environnement sensoriel perturbant, explique pourquoi les réseaux de neurones ne se développent pas normalement.

Pour l'étude, les chercheurs sont partis d'une idée pratique: puisque les déficits neuraux des bébés prématurés sont dus, du moins en partie, à des stimuli inattendus et stressants, ainsi qu'à un manque de stimuli adaptés à leur condition, il convient d'enrichir leur environnement en introduisant des et des stimuli structurants. Comme le système auditif est opérationnel dès le début, la musique semblait être un bon candidat.

Les chercheurs ont organisé la journée des prématurés avec des stimuli agréables à des moments opportuns, soit de la musique pour accompagner leur réveil, de la musique pour accompagner leur sommeil et de la musique pour interagir pendant les phases de réveil.

L'étude a été menée avec un groupe de prématurés écoutant de la musique, un groupe témoin de prématurés et un groupe témoin de nouveau-nés nés à terme afin d'évaluer si le développement du cerveau des prématurés ayant écouté à la musique serait plus semblable à celle des bébés à terme. Les chercheurs ont utilisé l'IRM fonctionnelle au repos sur les trois groupes d'enfants. Sans musique, la connectivité fonctionnelle entre les zones du cerveau des bébés prématurés était généralement inférieure à celle des bébés nés à terme, confirmant ainsi l'effet négatif de la prématurité.

Selon les chercheurs, les réseaux neuronaux des enfants ayant entendu la musique se sont trouvés améliorés de manière significative. En effet, les connexions entre le réseau de saillance et le cortex auditif, le cortex sensori-moteur ou encore le cortex frontal étaient en effet beaucoup plus actives et proche de celles d’un enfant né à terme.

Les premiers enfants enrôlés dans le projet ont aujourd’hui 6 ans, âge auquel les troubles cognitifs commencent à être détectables. Les scientifiques vont maintenant revoir leurs jeunes patients pour mener une évaluation cognitive et socio-émotionnelles complète et observer si les résultats positifs mesurés lors de leurs premières semaines de vie ont perduré.

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