Les
cellules T à mémoire gagnent leur nom en incarnant la mémoire du système
immunitaire. Elles aident le corps à se souvenir des infections ou des
vaccins auxquels quelqu'un a été exposé. Mais pour devenir des cellules T mémoire, les cellules retournent dans
le temps, abandonnant leur statut de fantassins immunisés.
Selon une étude réalisée par Emory University et publiée dans Nature, les résultats alimenteraient un débat parmi les immunologistes sur le
développement des lymphocytes T mémoire, avec des implications
potentielles pour la conception de vaccins. Selon les chercheurs, les
lymphocytes T CD8 à mémoire sont entraînés à tuer des cellules qui ont
pu être infectées par un virus ou qui présentent un signe de
non-appartenance. Ce
qui distingue les cellules T CD8 mémoires des cellules naïves non
entraînées, c'est qu'elles peuvent réagir rapidement, en quelques
minutes ou quelques heures. La nouvelle recherche éclaire sur leur fonctionnement. Plus précisément, leurs gènes sont
prêts à répondre, même des années après l'activation initiale.
Les chercheurs sont parvenus à cette conclusion en suivant les profils d'expression
génique et de méthylation de l'ADN dans les lymphocytes T CD8 à mémoire,
et en les comparant aux cellules T CD8 naïves et aux cellules
effectrices (fantassins). Les chercheurs ont pu constater que les cellules T CD8 mémoire n'oublient pas d'où elles viennent.
Selon les chercheurs, le
débat sur les cellules T mémoires, qui peuvent durer des décennies dans
le corps, était de savoir si elles se développent à partir de cellules
effectrices, dont la plupart meurent lors d'une réponse immunitaire, ou
directement à partir d'un sous-ensemble de cellules naïves. Pour
répondre à cette question, les chercheurs ont examiné les gènes activés
dans les cellules naïves, désactivés dans les cellules effectrices,
puis à nouveau dans les cellules de la mémoire. L'exemple utilisé par les chercheurs est le gène de la L-sélectine, une molécule d'adhésion
nécessaire aux cellules immunitaires pour héberger les ganglions
lymphatiques.
Les chercheurs ont découvert que les
cellules précurseurs de la mémoire ré-expriment des gènes tels que la
L-sélectine, et accomplissent ce changement en effaçant la méthylation
précédemment acquise sur ces gènes. Ils ont révélé qu'une enzyme de méthylation de l'ADN est
impliquée dans la restriction du développement des lymphocytes T
mémoire. La méthylation de l'ADN est une modification épigénétique qui inhibe généralement les gènes.
L'étiquetage de l'eau lourde est une technique qui permet aux scientifiques de suivre la fréquence de division des cellules. Le deutérium est incorporé dans chaque ADN ou protéine nouvellement synthétisé, se produisant pendant la division cellulaire. L'eau lourde n'est pas radioactive et a été utilisée dans la recherche clinique depuis les années 1930. L'eau lourde est l'oxyde de deutérium D2O. Elle est donc constituée des mêmes éléments chimiques que l'eau ordinaire H2O, mais ses atomes d'hydrogène sont des isotopes lourds.
Selon les chercheurs, parmi
les volontaires qui avaient reçu le vaccin contre la fièvre jaune et qui
ont consommé de l'eau lourde, le deutérium a marqué les cellules T CD8
effectrices. Les
cellules de mémoire ont conservé l'étiquette même après que les
volontaires aient arrêté la prise d'eau lourde, montrant que les
cellules de mémoire provenaient des effecteurs. Les
chercheurs ont pu voir que les lymphocytes T mémoire spécifiques au
vaccin provenaient de cellules qui se divisaient abondamment dans les
deux premières semaines après la vaccination. Cependant, les cellules de mémoire se sont calmées après cela, divisant moins d'une fois par an.
Les
cellules T Effector CD8 produisent des niveaux élevés de granzyme B et
de perforine, des outils pour réaliser leurs fonctions «tueuses». Les
scientifiques ont observé que les lymphocytes T CD8 à longue durée de
vie de la mémoire humaine ne contiennent pas les protéines granzyme B et
perforine, mais elles ne bloquent pas complètement ces gènes. Les cellules restent prêtes à entrer en action.
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