Publié
dans Nature Communications, l'étude réalisée par la Rockefeller University décrit les différences observées concernant la façon dont les cerveaux des hommes et des femmes
réagissent au stress. Les
résultats, fondés sur des expériences avec des souris, sont intéressants parce qu'ils se produisent dans une partie du cerveau
normalement associée aux différences de sexe. Ils ont également des implications pour le traitement des maladies liées au stress, y compris les troubles de l'humeur.
Selon les chercheurs, il
est nécessaire d'inclure les différences entre les sexes dans la
recherche neuropsychiatrique et l'endocrinologie parce que les hommes et
les femmes réagissent différemment aux médicaments. Or, toujours selon ces derniers, la différence
est particulièrement importante alors que les
scientifiques cherchent de plus en plus à adapter de nouveaux
médicaments à des patients individuels. L'industrie pharmaceutique a adopté
une philosophie universelle et testé des médicaments principalement chez
les hommes. Certains médicaments ont été peu testés chez les femmes
lorsqu'elles sont utilisées en clinique.
Pour
étudier les différences sexuelles possibles dans le cerveau, les
scientifiques se sont concentrés sur une région de l'hippocampe connue
sous le nom de CA3, qui joue un rôle crucial dans la réponse au stress
et est impliquée dans la mémoire, la régulation de l'humeur et le
traitement de l'information. Plus précisément, ils ont soumis des souris mâles et femelles à une
tâche stressante, soit la nage forcée de six minutes, et ont ensuite utilisé une
méthode appelée TRAP, développée dans le laboratoire Rockefeller de
Nathaniel Heintz, pour observer la réponse des gènes de leurs neurones CA3.
Beaucoup
plus de gènes (6 472) ont été modifiés par le stress aigu dans CA3 chez
les femmes que chez les hommes (2 474), comparativement aux témoins non
stressés. Cette grande différence suggère, selon l'étude, qu'il existe une composante génétique claire dans la réponse au stress. Les scientifiques proposent que les gènes dans les parties du cerveau
qui réagissent aux facteurs de stress environnementaux, tels que la nage
forcée, peuvent le faire chez les souris femelles à un taux beaucoup
plus élevé que chez les mâles.Une conclusion supplémentaire souligne à quel point les différences dans les réponses au stress sont énormes entre les sexes. Les scientifiques ont identifié 1 842 gènes affectés par le stress
chez les deux sexes, mais la grande majorité de ces gènes se
chevauchant ont répondu de façon opposée chez les femelles et les mâles, les gènes activés par le stress chez les mâles étant supprimés par
le stress chez les femelles et vice versa.
Les chercheurs ont également
expérimenté des souris conçues pour porter une variante du gène BDNF
qui, chez l'homme, est connue pour augmenter le risque de développer des
troubles neuropsychiatriques induits par le stress. Les
chercheurs ont soumis ces souris à des tests cognitifs, soit une façon
courante de déterminer l'impact du stress, et ont découvert que les
femelles avec la variante du gène présentaient une altération de la
mémoire spatiale, même sans être stressées. Les mâles avec la mutation, également non stressée, n'ont pas montré de tels déficits. Les
résultats suggèrent que les hormones ovariennes peuvent interagir avec
le gène muté d'une manière qui augmente les troubles de la mémoire liés
au stress chez les femmes.
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