mardi 10 octobre 2017

Le stress aurait des effets très différents sur les cerveaux de souris mâles et femelles

Publié dans Nature Communications, l'étude réalisée par la Rockefeller University décrit les différences observées concernant la façon dont les cerveaux des hommes et des femmes réagissent au stress. Les résultats, fondés sur des expériences avec des souris, sont intéressants parce qu'ils se produisent dans une partie du cerveau normalement associée aux différences de sexe. Ils ont également des implications pour le traitement des maladies liées au stress, y compris les troubles de l'humeur.

Selon les chercheurs, il est nécessaire d'inclure les différences entre les sexes dans la recherche neuropsychiatrique et l'endocrinologie parce que les hommes et les femmes réagissent différemment aux médicaments. Or, toujours selon ces derniers, la différence est particulièrement importante alors que les scientifiques cherchent de plus en plus à adapter de nouveaux médicaments à des patients individuels. L'industrie pharmaceutique a adopté une philosophie universelle et testé des médicaments principalement chez les hommes. Certains médicaments ont été peu testés chez les femmes lorsqu'elles sont utilisées en clinique.

Pour étudier les différences sexuelles possibles dans le cerveau, les scientifiques se sont concentrés sur une région de l'hippocampe connue sous le nom de CA3, qui joue un rôle crucial dans la réponse au stress et est impliquée dans la mémoire, la régulation de l'humeur et le traitement de l'information. Plus précisément, ils ont soumis des souris mâles et femelles à une tâche stressante, soit la nage forcée de six minutes, et ont ensuite utilisé une méthode appelée TRAP, développée dans le laboratoire Rockefeller de Nathaniel Heintz, pour observer la réponse des gènes de leurs neurones CA3.

Beaucoup plus de gènes (6 472) ont été modifiés par le stress aigu dans CA3 chez les femmes que chez les hommes (2 474), comparativement aux témoins non stressés. Cette grande différence suggère, selon l'étude, qu'il existe une composante génétique claire dans la réponse au stress. Les scientifiques proposent que les gènes dans les parties du cerveau qui réagissent aux facteurs de stress environnementaux, tels que la nage forcée, peuvent le faire chez les souris femelles à un taux beaucoup plus élevé que chez les mâles.Une conclusion supplémentaire souligne à quel point les différences dans les réponses au stress sont énormes entre les sexes. Les scientifiques ont identifié 1 842 gènes affectés par le stress chez les deux sexes, mais la grande majorité de ces gènes se chevauchant ont répondu de façon opposée chez les femelles et les mâles, les gènes activés par le stress chez les mâles étant supprimés par le stress chez les femelles et vice versa. 

Les chercheurs ont également expérimenté des souris conçues pour porter une variante du gène BDNF qui, chez l'homme, est connue pour augmenter le risque de développer des troubles neuropsychiatriques induits par le stress. Les chercheurs ont soumis ces souris à des tests cognitifs, soit une façon courante de déterminer l'impact du stress, et ont découvert que les femelles avec la variante du gène présentaient une altération de la mémoire spatiale, même sans être stressées. Les mâles avec la mutation, également non stressée, n'ont pas montré de tels déficits. Les résultats suggèrent que les hormones ovariennes peuvent interagir avec le gène muté d'une manière qui augmente les troubles de la mémoire liés au stress chez les femmes. 

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