mercredi 1 juillet 2020

La distribution d'un vaccin COVID-19 soulève des problèmes éthiques complexes

Une réflexion de la bioéthicienne Ruth Faden, membre du World Health Organization's COVID-19 Vaccines Working Group, publiée sur le site de Johns Hopkins University soulève quelques points éthiques à considérer. En effet, avec près de de 150 vaccins candidats COVID-19 actuellement à différents stades de test et de développement, une stratégie mondiale de santé publique doit envisager plusieurs étapes à venir, au-delà de la science. Une fois qu'un vaccin s'est révélé sûr et efficace, comment atteindra-t-il toutes les personnes dans le monde qui en ont besoin et quel type de calendrier devrait-on appliquer?

Selon la bioéthicienne, le secteur privé est vraiment le moteur du processus de développement de vaccins, plutôt que le gouvernement ou les laboratoires universitaires. Des efforts importants sont en cours pour déterminer comment les développeurs industriels privés peuvent rendre les vaccins disponibles à un prix abordable pour tous les pays, en particulier les pays à revenu faible et intermédiaire. Au départ, le vaccin sera rare, les gouvernements s'efforceront de se le procurer et, à moins que ces efforts ne fonctionnent, les gagnants seront assez prévisibles, soit les pays qui ont les ressources.

Aussi, certains pays riches se retrouveront probablement avec des quantités substantielles de vaccin. Au fil du temps, si tout se passe bien, ces pays devront décider quelle quantité ils vont conserver et quelle quantité, le cas échéant, ils sont disposés à partager avec d'autres pays où le vaccin peut être très rare. Ce sont des questions éthiques complexes, et elles sont enveloppées dans la géopolitique, mais aussi dans la politique nationale. La bioéthicienne mentionne le nationalisme vaccinal, où les pays comprennent que leurs obligations sont principalement, sinon exclusivement, envers leurs propres résidents. Bien que l'on s'attende à ce que les pays disposant des ressources et des capacités de production répondent d'abord à leurs propres besoins en matière de santé, devraient-ils ignorer les besoins des personnes vivant dans d'autres pays confrontés à de graves contraintes économiques? Du point de vue éthique, un équilibre doit être trouvé.

Il semble évident que le principal objectif de santé publique avec un vaccin COVID-19 est de maîtriser la pandémie. Mais cette pandémie a de nombreux aspects. Faut-il se concentrer sur la crise de santé publique, la crise sociale ou la crise économique?

Les travailleurs essentiels sont généralement considérés comme une priorité absolue pour les vaccins. La raison pour laquelle ces personnes sont considérées comme essentielles est que, à moins de faire leur travail, la société ne peut pas fonctionner. D'un point de vue éthique, nous leur devons également quelque chose pour avoir pris des risques accrus pour le bien des autres. Or, d'autres complications se dessinent à l'horizon. Quels emplois devraient être inclus dans la catégorie des «travailleurs essentiels» et combien de personnes cela inclura-t-il? Les travailleurs de la santé devraient-ils passer avant les travailleurs de l'alimentation?
 

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