Depuis que je tiens ce blogue suite au décès de mes parents, je lis beaucoup sur le système de santé. Hier, en me rendant à l'hôpital, j'ai pu observer ce que j'avais lu au cours des derniers. Les deux anecdotes qui suivent témoignent que le travail hospitalier ne se calcule pas en chaine de travail, posant les gestes techniques décrits dans le Code des professions.
En attendant mon rendez-vous, j'ai croisé la dernière infirmière de mon père. Je vous replace dans le contexte. Nous sommes le 14 septembre 2016. Mon père allait partir devant moi. J'étais seule, la 1ere arrivée. En
entrant dans sa chambre, j'ai figé. Mon père ne l'a pas eu facile, comme
ma mère, ces dernières années. Les 2 derniers mois étaient difficiles
pour lui. Il était dévasté par le décès de ma mère, sans compter qu'il
était le seul survivant de ses frères et soeurs. Bref, je sentais en moi
une pression de bien faire pour ses derniers moments et j'ai figé.
L'infirmière m'a alors dit quoi faire et ce qui était vraiment
important. Lorsqu'il est parti, elle m'a également dit qu'on s'en
remettait. Ses parents étaient partis et elle continuait à voir partir
des gens, par sa profession. Quand je suis allée porter une carte et une
boîte de chocolat aux différents étages, j'ai demandé à l'étage où elle
était assignée de lui transmettre mes remerciements, son aide m'avait
marqué (elle était en congé ce jour là). Près d'un an plus tard, en la
croisant aujourd'hui (c'est elle qui m'a reconnu), j'ai repensé à ça. On
prend pour acquis que le personnel est présent pour la famille. C'est
faux, leur priorité, c'est le patient (avec raison).
Je repensais à ça en attendant mon rendez-vous. J'ai passé avec une heure de retard. Les patients avant moi étaient tous là pour la même raison, une chirurgie mineure (en ce qui me concerne, rien de grave, rassurez-vous). Il suffisait d'observer pour comprendre que le retard n'était pas du au personnel. Sans vouloir être indiscrète, j'ai vu que 2 patients avaient quelques complications après la chirurgie. Entre 2 chirurgies, le personnel observait les patients et cherchait à stabiliser la situation.
Le ministre devrait quelques fois faire un tour sur le terrain. Bien au delà de la vision comptable, des efforts de centralisation, il comprendrait qu'un peu plus d'autonomie accordée aux hôpitaux et au personnel répondrait plus à la réalité et aux besoins des patients. Il réaliserait qu'on n'opère pas un corps humain comme on répare une voiture. Des fois, des interventions prennent plus de temps que prévu incluant le travail des infirmières qui sortent de leurs fonctions pour accompagner des futurs endeuillés figeant devant l'agonie d'un mourant.
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