mardi 16 mai 2017

Les troubles génétiques chez les chiens permettraient des avancées en matière de neuropathies humaines

Une équipe de recherche internationale a démontré qu’une anomalie génétique chez les chiens pourrait bien mener à des découvertes de pointe en ce qui a trait aux neuropathies humaines, selon une étude publiée dans PLOS Genetics. Certaines races de chiens souffrent fréquemment de troubles génétiques, par association aléatoire avec des caractéristiques pour lesquelles les races en question ont été sélectionnées. Il est difficile pour les éleveurs d’éliminer ces caractéristiques sans faire de test génétique, car la plupart des animaux ne sont pas touchés, même si certains d’entre eux sont porteurs du gène fautif, de la même façon que des êtres humains porteurs de maladies génétiques comme la fibrose kystique ne sont pas affectés. Néanmoins, une fois que l’on a découvert une mutation causale dans le génome relativement à une maladie génétique bien précise, il est possible d’effectuer un dépistage préventif au moyen d’un test génétique. Dans le cas des chiens, les éleveurs peuvent éviter d’accoupler deux animaux porteurs, ce qui devrait en principe empêcher la naissance d’animaux touchés par ce trouble génétique. Cette étude portant sur une neuropathie canine a permis d’identifier un nouveau gène qui n’est pas encore décrit dans les neuropathies humaines, ce qui ouvre la voie à des essais cliniques qui bénéficieront tant à la médecine canine qu’à la médecine humaine.

Les chiens sont des mammifères d’une assez grande taille qui possèdent plusieurs des caractéristiques biologiques des êtres humains. Les anomalies génétiques qui se produisent naturellement chez les chiens ont permis de fournir des modèles utiles pour détecter des maladies similaires chez l’être humain. « Par exemple, une forme naturelle de cécité génétique chez les chiens a été utilisée pour concevoir une thérapie génique efficace qui est maintenant testée auprès des enfants aux prises avec le même type de cécité génétique », explique Mark Samuels, PhD, du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et du Département de médecine de l’Université de Montréal.

L’équipe de recherche a résolu l’énigme que posait l’insensibilité des chiens à la douleur associée à cette neuropathie. Les animaux aux prises avec cette maladie génétique perdent les fonctions associées au système nerveux périphérique et peuvent se blesser gravement, surtout aux pattes, ce qui mène habituellement à l’euthanasie. De nombreuses races d’animaux sont touchées par cette anomalie génétique, notamment les pointers et épagneuls, mais la plupart de ces chiens ne sont pas affectés, ce qui rend difficile l’identification des animaux porteurs de la maladie. « En combinant une cartographie génétique et un séquençage génomique à haut débit, nous avons trouvé un candidat à la mutation causale sous-jacente. Cette mutation représente un type de gène inhabituel, qui semble réguler la fonction d’un gène immédiatement adjacent. Ce gène est responsable du codage d’un facteur de croissance du tissu nerveux connu appelé facteur neurotrophique dérivé des cellules gliales (GDNF) », ajoute le professeur Samuels. L’équipe a émis l’hypothèse que cette mutation génétique mène à un ralentissement du facteur GDNF, ce qui nuit à la croissance normale des nerfs ou à leur maintien. Mis ensemble, ces résultats ont permis l’identification du facteur GDNF chez les chiens comme candidat pertinent à la neuropathie héréditaire sensorielle et autonome et à l’insensibilité à la douleur, et ont également fait la lumière sur la régulation de l’expression du facteur GDNF. En dernier lieu, les résultats permettent de supposer que les races de chiens touchées pourraient agir comme modèles naturels pour des essais cliniques, ce qui bénéficierait tant à la médecine humaine qu’à la médecine vétérinaire.

L’identification de cette mutation a rapidement mené à la conception d’un test génétique qui permet aux éleveurs d’identifier les porteurs et d’éviter de les accoupler avec d’autres chiens ou de produire des chiots affectés par ce trouble génétique. Parallèlement, les généticiens qui étudient les neuropathies humaines peuvent maintenant explorer un nouveau gène dans les neuropathies non résolues. Des neuropathies périphériques similaires représentent un aspect invalidant important chez les personnes souffrant du diabète, et les découvertes en matière de génétique dans ce domaine pourraient mener à des progrès importants en ce qui a trait à ce trouble de santé.



À propos de l’étude
L’article « A Point Mutation in a lincRNA Upstream of GDNF Is Associated to a Canine Insensitivity to Pain: A Spontaneous Model for Human Sensory Neuropathies » a été publié dans PLOS Genetics. L’équipe internationale était dirigée par les Drs Jocelyn Plassais du National Institutes of Health (NIH), aux États-Unis, et Catherine André, au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), en France. Les collaborateurs de l’Université de Montréal sont les Drs Manon Paradis et David Silversides à la Faculté de médecine vétérinaire à Saint-Hyacinthe, et DMark Samuels du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine.


Source

CHU Sainte-Justine

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