Une équipe de recherche internationale a démontré qu’une anomalie
génétique chez les chiens pourrait bien mener à des découvertes de
pointe en ce qui a trait aux neuropathies humaines, selon une étude
publiée dans PLOS Genetics. Certaines races de chiens souffrent
fréquemment de troubles génétiques, par association aléatoire avec des
caractéristiques pour lesquelles les races en question ont été
sélectionnées. Il est difficile pour les éleveurs d’éliminer ces
caractéristiques sans faire de test génétique, car la plupart des
animaux ne sont pas touchés, même si certains d’entre eux sont porteurs
du gène fautif, de la même façon que des êtres humains porteurs de
maladies génétiques comme la fibrose kystique ne sont pas affectés.
Néanmoins, une fois que l’on a découvert une mutation causale dans le
génome relativement à une maladie génétique bien précise, il est
possible d’effectuer un dépistage préventif au moyen d’un test
génétique. Dans le cas des chiens, les éleveurs peuvent éviter
d’accoupler deux animaux porteurs, ce qui devrait en principe empêcher
la naissance d’animaux touchés par ce trouble génétique. Cette étude
portant sur une neuropathie canine a permis d’identifier un nouveau gène
qui n’est pas encore décrit dans les neuropathies humaines, ce qui
ouvre la voie à des essais cliniques qui bénéficieront tant à la
médecine canine qu’à la médecine humaine.
Les chiens sont des mammifères d’une assez grande taille qui
possèdent plusieurs des caractéristiques biologiques des êtres humains.
Les anomalies génétiques qui se produisent naturellement chez les chiens
ont permis de fournir des modèles utiles pour détecter des maladies
similaires chez l’être humain. « Par exemple, une forme naturelle de
cécité génétique chez les chiens a été utilisée pour concevoir une
thérapie génique efficace qui est maintenant testée auprès des enfants
aux prises avec le même type de cécité génétique », explique Mark Samuels, PhD, du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et du Département de médecine de l’Université de Montréal.
L’équipe de recherche a résolu l’énigme que posait l’insensibilité
des chiens à la douleur associée à cette neuropathie. Les animaux aux
prises avec cette maladie génétique perdent les fonctions associées au
système nerveux périphérique et peuvent se blesser gravement, surtout
aux pattes, ce qui mène habituellement à l’euthanasie. De nombreuses
races d’animaux sont touchées par cette anomalie génétique, notamment
les pointers et épagneuls, mais la plupart de ces chiens ne sont pas
affectés, ce qui rend difficile l’identification des animaux porteurs de
la maladie. « En combinant une cartographie génétique et un séquençage
génomique à haut débit, nous avons trouvé un candidat à la mutation
causale sous-jacente. Cette mutation représente un type de gène
inhabituel, qui semble réguler la fonction d’un gène immédiatement
adjacent. Ce gène est responsable du codage d’un facteur de croissance
du tissu nerveux connu appelé facteur neurotrophique dérivé des cellules
gliales (GDNF) », ajoute le professeur Samuels. L’équipe a émis
l’hypothèse que cette mutation génétique mène à un ralentissement du
facteur GDNF, ce qui nuit à la croissance normale des nerfs ou à leur
maintien. Mis ensemble, ces résultats ont permis l’identification du
facteur GDNF chez les chiens comme candidat pertinent à la neuropathie
héréditaire sensorielle et autonome et à l’insensibilité à la douleur,
et ont également fait la lumière sur la régulation de l’expression du
facteur GDNF. En dernier lieu, les résultats permettent de supposer que
les races de chiens touchées pourraient agir comme modèles naturels pour
des essais cliniques, ce qui bénéficierait tant à la médecine humaine
qu’à la médecine vétérinaire.
L’identification de cette mutation a rapidement mené à la conception
d’un test génétique qui permet aux éleveurs d’identifier les porteurs et
d’éviter de les accoupler avec d’autres chiens ou de produire des
chiots affectés par ce trouble génétique. Parallèlement, les généticiens
qui étudient les neuropathies humaines peuvent maintenant explorer un
nouveau gène dans les neuropathies non résolues. Des neuropathies
périphériques similaires représentent un aspect invalidant important
chez les personnes souffrant du diabète, et les découvertes en matière
de génétique dans ce domaine pourraient mener à des progrès importants
en ce qui a trait à ce trouble de santé.
À propos de l’étude
L’article « A
Point Mutation in a lincRNA Upstream of GDNF Is Associated to a Canine
Insensitivity to Pain: A Spontaneous Model for Human Sensory
Neuropathies » a été publié dans PLOS Genetics. L’équipe internationale était dirigée par les Drs Jocelyn Plassais
du National Institutes of Health (NIH), aux États-Unis, et
Catherine André, au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS),
en France. Les collaborateurs de l’Université de Montréal sont les Drs Manon Paradis et David Silversides à la Faculté de médecine vétérinaire à Saint-Hyacinthe, et Dr Mark Samuels du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine.
Source
CHU Sainte-Justine
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