Les débats entourant l'aide médicale à mourir m'ont rejoint, bien avant l'adoption de la loi. J'ai d'ailleurs fait un projet de recherche dans le cadre de mon Baccalauréat en droit sur ce sujet. Ma position, à l'époque, allait dans le sens de l'autonomie du choix libre et éclairé. Mon regard était strictement juridique, mes parents étaient relativement plus jeunes et l'inévitable fin ne semblait pas vouloir se pointer à leur porte.
Ce sujet m'est revenu en tête lorsque la question de l'acharnement thérapeutique s'est posé à l'été 2016, puisque ma mère, puis mon père furent hospitalisés. Le Collège des médecins et ses membres me diront sûrement, avec raison, que les deux domaines sont distincts. Je n'ai pas pu m'empêcher d'y voir certaines similitudes. Quiconque a accompagné une personne en fin de vie constate qu'une décision de fin de traitement subit inévitablement une pression de l'extérieur, des proches. Et la question que pose Dr. Yves Robert dans sa réflexion «Vers la mort à la carte?» résume parfaitement les enjeux, soit déterminer qui souffrirait le plus : le patient ou son entourage? Cependant, pour avoir vu les médecins de mes parents à l'oeuvre, particulièrement celui de mon père, plus présent, je dois admettre qu'ils sont formés et dotés suffisamment d'expérience, pour pouvoir se faire une opinion indépendante de toute pression extérieure.
Si plusieurs questions sont restées sans réponse dans le cas de ma mère, au point où j'ai du chercher seule l'information, par des lectures, par les explications du personnel du soutien à domicile du CLSC qui suivait mon père et ma mère, pour ce qui est de mon père, son médecin nous avait tracé un portrait complet de la situation, sur ce qui l'attendait, les risques, les complications. Je lui dois d'ailleurs mon intérêt retrouvé pour les sciences.
C'est donc dans cette optique que j'ai poussé plus loin mes lectures avec le livre du Dr. Pierre Viens, Les visages de l'aide médicale à mourir, paru en mars dernier. Ce livre mérite vraiment d'être lu, pour une réflexion saine et réfléchie sur le sujet. Outre les réflexions essentielles sur les notions entourant le principe de fin de vie, où s'opposent malheureusement parfois la vie biologique et la qualité de vie, où la quantité de vie n'est malheureusement pas accompagnée de qualité de vie, l'auteur se questionne sur les lacunes de la loi actuelle.
La lecture du livre permet également de comprendre les différents obstacles rencontrés par les médecins. Pensons notamment aux exigences de la loi 20 qui ne permet pas aucune latitude au niveau de l'horaire des médecins, exposés à une lourdeur bureaucratique additionnelle, aux urgences de l'aide médicale à mourir. Les exigences des lois fédérale et provinciale portant sur l'aide médicale à mourir transforment le médecin en juriste en lui imposant de façon continue un fardeau de preuve démontrant la pertinence de l'aide médicale à mourir.
Bref, un livre qui mérite d'être lu, pour un regard éclairé, réaliste de la situation actuelle, pour aller au-delà du Doctor Bashing et pour avoir un regard humain de la profession.
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