lundi 3 avril 2017

Le coût financier et social de la privatisation des soins de santé

Les réformes du système de santé amorcées par le ministre Gaétan Barrette au cours des dernières années laissent présager une éventuelle privatisation des soins de santé à moyen et à long terme. Le rapport intitulé Privatization & Declining Access to BC Seniors' Care, publié par le Centre canadien de politiques alternatives le 27 mars dernier, trace un portrait peu reluisant de la privatisation des soins de santé.

En 2001, la Colombie-Britannique occupait le deuxième rang au niveau des dépenses en soins de santé par habitant. En 2016, la Colombie-Britannique est tombée à la huitième place parmi les
dix provinces du Canada. Plus concrètement, la politique provinciale de privatisation des services de soins à domicile et communautaires pour les aînés a entraîné moins d'accès pour la clientèle nécessitant des soins.

Au cours des 16 dernières années, le sous-financement, la privatisation et la fragmentation du système ont laissé beaucoup d'aînés à l'écart. Selon le rapport, entre 2001 et 2016, la fermeture de 40 établissements de soins gérés administré par le public a entraîné une baisse des soins à domicile de 11% alors qu'à la même période, le secteur privé a augmenté de 42%. Andrew Longhurst, l'auteur du rapport, souligne également que la qualité de vie des aînés varie selon que l'établissement soit privé ou public. Les soins offerts par le privé serait généralement inférieur à ceux offerts par le public. Il explique cette différence par le niveau de dotation du personnel. Selon l'auteur, plus le ratio de personnel et de patients est élevé, plus les soins sont satisfaisants. Le privé devant générer une marge de profits, il ne peut pas baisser la rémunération du personnel pour cause de compétitivité, la qualité des soins de première ligne serait donc principalement touchée. Rappelons à cet effet que les hôpitaux privés à but lucratif dépensent plus du tiers de leur budget en administration (34 %) selon une étude américaine alors que la Régie de l’Assurance Maladie du Québec (RAMQ) gère pour 4 milliards$ de programmes avec des coûts administratifs de 2% du budget total.

Le manque d'accès à un large éventail de services pour les personnes âgées aurait des répercussions sur système de soins de santé utilisé par tous. L'auteur cite l'exemple de la démence présente chez les ainés. Ceux-ci sont soignés dans les hôpitaux qui ne sont souvent pas équipés pour faire face à leurs besoins complexes. Ils sont dans les hôpitaux car d'autres services moins coûteux, comme les soins à domicile et communautaires, ne sont pas disponibles. L'auteur mentionne également que les conséquences en aval de ne pas investir adéquatement dans le système de soins à domicile et en milieu communautaire entraînent comme conséquences des temps d'attente plus longs pour la chirurgie et un système plus coûteux pour tous parce que la population se situe dans la partie la plus onéreuse du système.

Le rapport se termine avec les 3 recommandations suivantes:

• «Arrêter de privatiser les services de soins à domicile et communautaires».

• «Améliorer l'accès aux services de soins à domicile et communautaires financés par des organismes publics et des organismes à but non lucratif».

• «Élaborer un encadrement de soins et un plan d'action à domicile et en milieu communautaire afin d'améliorer l'intégration de l'accès et des services»





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