Je voulais aborder cet aspect depuis longtemps. J'en avais brièvement parlé ici mais le sujet méritait d'être développé davantage. Il a été un élément marquant de l'hospitalisation de mes parents. C'est ce qui fait la différence entre un médecin et un bon médecin. Je fais suite ici au billet de Dr. Alain Vadeboncoeur, Comprenez-vous bien le langage «docteur».
Je ne voudrais pas être médecin. Outre l'aspect émotif de son travail (il côtoie la mort, il fréquente une famille du patient, inquiète, nerveuse, il se tape leurs larmes et j'en passe), il doit surtout passer de notions ultra techniques, scientifiques à des notions simples. Il devient le traducteur, l'interprète, le vulgarisateur. C'est en observant les médecins de ma mère et de mon père que j'ai compris que cet art doit être maitrisé et ne l'est pas toujours.
J'aurais aimé que ma mère, fille de médecin, petite-fille de médecin, arrière-petite-fille de médecin comme elle le répétait si fièrement, soit suivie par les médecins de mon père. Autant l'urgentologue que le médecin en soins palliatifs en passant par le médecin généraliste ont réussi et maitrisé l'art de vulgariser, d'établir un pont entre leurs concepts médicaux et la compréhension de base du patient et la famille du patient. Quelle est la recette, vue de la famille du patient? La voici:
Compte tenu de la durée d'hospitalisation de mon père, j'ai surtout échangé avec le médecin généraliste, bien que l'urgentologue et l'autre qui le suivait en soins palliatifs ont réussi le même exploit.
Un bon médecin vulgarise et explique. Certains patients ou même les membres d'une famille ne proviennent pas d'un milieu scientifique. Il faut non seulement réaliser qu'ils ne comprennent pas tout mais surtout ne pas abandonner dès le départ en se disant qu'ils ne comprendront rien.
Peut-être est-ce le mélange de ma formation en administration des affaires et celle de juriste qui m'influence, mais j'aime bien qu'on me présente la situation telle qu'elle est, telle option, tel risque, etc.
Souvent le médecin peut avoir l'impression que la famille du patient, inquiète, ne retient que très peu d'information. Lorsque j'ai écrit sur les troubles de déglutition, je me suis souvenu de certaines notions expliquées par le médecin, plusieurs mois auparavant. On entend davantage qu'on le croit, je suis la première surprise.
J'ai beaucoup aimé une approche factuelle, rationnelle et cartésienne dans les explications, les interactions avec le médecin de mon père. L'approche n'était pas froide, loin de là, mais elle avait le mérite de répondre aux questions. Je souligne ici, au passage, la patience du médecin généraliste de mon père, qui, non seulement, a subi mes questions mais a eu la générosité de me donner un mini cours de médecine.
Une fois le choc du départ encaissé, je dois admettre que c'est probablement l'aspect le plus important de l'hospitalisation. Et je dois admettre que les médecins de mon père ont réussi l'exploit de me réconcilier avec les sciences. Grâce aux échanges durant l'hospitalisation de mes parents, j'ai repris goût à ce domaine...au point où je suis devenue membre de l'Association des communicateurs du Québec.
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