Mise à jour 22/12/2016 Les nouvelles exigences de prise en charge de patients pour les médecins de famille augmentent la pression sur les urgentologues à travailler de plus en plus, au détriment de leur santé et, à terme, de la qualité des soins, estime le Dr Anas Nseir. À lire sur Les urgentologues à bout de souffle
Le 15 décembre 2016, le groupe Espace Santé organisait un 5à7 Conférence intitulé «Urgences, parlons-en!» avec les conférenciers Dr Simon-Pierre Landry et Dr Christian Croteau, tout deux chefs de départements d'urgence. Le sujet m'intéressait puisque mes parents sont passés tous les deux par l'urgence cet été.
Le triage de toutes les urgences au Canada est basé sur l’ÉTG, soit l’Échelle canadienne de triage et de gravité pour les départements d’urgence créée en 1999, suite à un large consensus d’experts du Groupe de travail national canadien sur l’ÉTG, constitué d’infirmières et de médecins visant à uniformiser le processus du triage à l’urgence par l’utilisation de critères communs et d’une même méthode de classification.
Ainsi, selon le CHU de Québec–Université Laval, le système de triage suit ce modèle
La Priorité 1 (P1) regroupe les personnes dont l’état de santé requiert une intervention immédiate par l’équipe soignante en place, car leur état peut entraîner la mort ou des dommages importants.
La Priorité 2 (P2) regroupe les personnes nécessitant des soins immédiats qui doivent être vues rapidement par un médecin car leur état de santé représente une menace potentielle pour leur vie.
La Priorité 3 (P3) regroupe les personnes ayant besoin d’être vues par un médecin car leur état de santé pourrait s’aggraver.
La Priorité 4 (P4) regroupe les personnes qui doivent être vues par un médecin car leur état présente un potentiel de complications, sans que le temps ne constitue un facteur critique.
La Priorité 5 (P5) regroupe les personnes présentant des conditions qui peuvent être aiguës mais non urgentes ou qui peuvent résulter d’un problème chronique sans signe de détérioration.
Selon un document produit par le Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides, les Priorités 4 et 5 sont des cas où l’investigation et les interventions peuvent être retardées ou même référées ailleurs qu’à l’urgence.
Suite à la lecture d'une série de 3 textes publiés par l'urgentologue Dr. Alain Vadeboncoeur publiés ici, ici et ici, il semble évident que l'annonce des 100 millions de dollars du ministre Gaétan Barrette, tout en libérant des lits, ne suffira pas à régler le problème de l'urgence qui repose essentiellement sur les effectifs médicaux, notamment en raison des modifications apportées dans les règles de recrutement. Le projet de loi 20 du ministre Barrette, avec ses pénalités financières reliées à l'obligation de pratique en première ligne, rend difficile le recrutement des médecins de famille souhaitant se consacrer à la médecine d'urgence.
Comme le souligne Dr. Vadeboncoeur, deux parcours existent pour pratiquer la médecine d'urgence. Trois programmes en médecine d’urgence spécialisée forment les médecins souhaitant acquérir le titre de spécialistes en médecine d’urgence au terme d’une résidence de cinq ans. Les médecins de famille peuvent également acquérir une compétence en médecine d’urgence en complétant leur résidence de deux ans au sein d’un des programmes de 3e année complémentaire en médecine d’urgence. Or ces deux programmes ont subi des compressions depuis deux ans. Le nombre de postes en résidence spécialisée est passé de 12 à 8 et le nombre de postes de 3e année complémentaire est passé de 40 à 20 environ, pour un total de 28 diplômés par année.
Un autre facteur qui expliquerait l'attente serait le nombre d'infirmières et de médecins par rapport au volume de patient. Considérant les cas P4 et P5 représentant 56 % des patients à l'urgence pouvant pour la plupart être vus dans une clinique, un CLSC, ou en consultation externe à l'hôpital, certaines initiatives ont vu le jour.
C'est le cas de l'hôpital Sacré-Coeur où 10% de l'ensemble des patients de l'urgence ont été réorientés vers une des trois cliniques avoisinantes participant au projet grâce au système implanté en 2014 par Dr. Alexandre Messier. Le délai des patients en attente d’un examen a connu une baisse de 50% en passant de 11,3 heures à 5 heures. Les patients sont rapidement pris en charge par une infirmière au tri à l'aide d'un logiciel créé pour le projet. Une fois les symptômes évalués, elle offre aux cas les moins graves un rendez-vous dans une des trois cliniques la journée même. Certaines cliniques, comme la clinique Plein Ciel, à Ville Saint-Laurent, offrent des plages horaires réservées à cette clientèle.
Ce projet pourrait s'étendre à d'autres urgences
des hôpitaux de la région métropolitaine puisque ministère de la Santé a donné un contrat de 181 644 $ au Dr Messier
pour, notamment, implanter ce concept d’accueil clinique.
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